samedi 28 février 2015

DYING OUT FLAME - Shiva Rudrastakam

DYING OUT FLAME


Shiva Rudrastakam





Vedic death metal
Date de sortie: 15 août 2014
Label; Xtreem Music


Tracklist:
1. Praise Of The Omnipresent One
2. Shiva Rudrastakam
3. Eternal Mother Of Great Time
4. Vayuputra
5. Maisasura Maridini
6. Trinetra Dhari (Three Eyed One)







Voici un album qui a déjà fait pas mal de bruit depuis sa sortie, notament sur les sites anglophones, mais qui sera passé relativement inaperçu sur nos terres. Histoire de réparer un tort, voici Dying Out Flame et son premier album sorti sur le label espagnol Xtreem Music à qui nous devons déjà quelques sorties notables comme les débuts des français de Vorkreist ou le Colossal Titan Strife de Kronos. Et plus récemment la grosse surprise iranienne Azooma que je recommande vivement au passage. Alors je ne sais pas où ni comment ce label déniche ces pépites dans des coins aussi improbables, surtout quand on sait que ni Azooma ni Dying Out Flame n'avaient sorti la moindre démo auparavant. Toujours est-il que ces gars là savent ce qu'ils font en semblent avoir un sacré flair. 
J'ai toujours eu une certaine curiosité envers les groupes originaires d'endroits qui ne sont pas les plus évidents pour le metal extrême. Dying Out Flame est en ce sens une curiosité et non des moindres puisque le groupe tient son QG à Katmandou et déclare pratiquer  du "vedic death metal." Ce n'est pas la première fois que je suis confronté à un groupe népalais, leurs compatriotes de Kalodin et Antim Grahan m'ayant déjà laissé une assez bonne impression sur ce qui se pratique dans ces contrées lointaines. Et ce n'est pas la première fois non plus que je rencontre ce terme, les Singapouriens de Rudra (dont j'ai déjà parlé ici et dont j'attend la suite avec impatience) revendiquent eux aussi leur affiliation à ce sous-genre particulier. Cependant, et comme nous allons le voir, ces 2 formations n'ont pas grand chose en commun en dehors de leurs références thématiques. En effet, Dying Out Flame se démarque par une approche bien plus brutale.

Mais avant d'aller plus en avant dans l'exploration musicale de Shiva Rudrastakam, parlons d'abord du concept qui entoure cet album. Même sans avoir de solides bases sur l'hindouisme, nous connaissons tous Shiva, dieu suprême, créateur, préservateur, dissimulateur et révélateur. Le Rudrastakam désigne lui une composition sanskrit du XVe sièce en dévotion à Rudra écrite par le poète et philosophe indien Tulsidas considéré comme l'équivalent pour la langue hindi de ce que Molière est au français ou Shakespeare à l'anglais.
Rudra est un dieu du Rigveda, associé à l'orage et est considéré comme l'incarnation de la sauvagerie et de danger imprévisible. Le nom a été traduit par "Le Rugissant", "Le Hurleur", le "Furieux". Rudra est une figure primitive de Shiva. En effet, le théonyme Shiva provient d'une épithète de Rudra, l'adjectif shiva "gentil, aimable" utilisé par euphémisme pour ce dieu qui, dans le Rigveda porte également l'épithète ghora "terrible". L'utilisation de l'épithète a fini par dépasser le théonyme d'origine et dans la période post-védique (dans les épopées sanskrites), le nom de Rudra a fini par être considéré comme un synonyme du dieu Shiva et les deux noms ont été utilisés de façon interchangeable. (source: wikipedia, plus d'informations ici ( Rudrastakam, anglais), ici et ici (Rudra et Shiva, français) pour ceux qui souhaiteraient aller plus loin)

Le death metal prend des formes variées dès qu'il est associé à une culture ethnique. Nous connaissions déjà le death metal égyptien tel que pratiqué par Nile, Maat ou Scarab, l'oriental Melechesh ou même l'amérindien Ch'aska. Dying Out Flame, vous l'aurez compris, ne se contente pas d'aborder les thèmes de l'hindouisme et de la littérature védique mais fusionne bel et bien sa base death metal avec divers instruments du sous-continent indien et chants traditionnels. Et le résultat est saisissant. L'album débute sur une intro traditionnelle mêlant sonorités typiques, chant féminin et déjà les percussions semblent animées d'une envie redoutable d'en découdre. Il est intéressant de constater comment la musique indienne et cette batterie tempétueuse se marient déjà. Mais ce ne sera que sur "Shiva Rudrastakam" que la facette la plus brutale de Dying Out Flame se révélera et la surprise est totale, les 2 éléments se complètent admirablement, se répondant l'un l'autre avec naturel. Et pourtant ce morceau est l'un des plus bourrins de l'album. Avec le furieux "Maisasura Maridini" nous tenons là les points culminants de la bestialité de l'album. Ce dernier est d'ailleurs une incroyable explosion de brutalité. Le riffing est impressionnant et pour le coup, on en oublierait presque la thématique religieuse du groupe. Mais là encore, le groupe parvient sans problème à apporter sa touche exotique sur la dernière partie du morceau. C'est dans ce genre de changements stylistiques complets que l'on comprend que Dying Out Flame construit intelligemment ses compositions et que si les morceaux tournent tous autour des 6 minutes (ce qui peut paraître un peu long pour du death metal) c'est bel et bien parce que les népalais ont mis le paquet pour que la dualité entre ses 2 facettes sonne de façon naturelle. Ils ont des choses à dire et ont particulièrement travaillé cet aspect pour en faire leur marque de fabrique. 
Dying Out Flame parvient en plus à varier ses parties purement death metal en jouant sur les rythmes et les ambiances. "Eternal Mother Of Great Time" a ce côté sombre, peut être plus posé, mais tout aussi redoutable que l'on peut retrouver sur certains morceaux de Behemoth. La surprise revient encore aux tonalités indiennes et au chant féminin qui viennent prendre à contre-pied la progression malsaine du morceau.
Puisqu'on parle de progression, impossible de ne pas faire mention de "Vayuputra" qui, s'il continue sur la lancée des précédents morceaux en mixant sonorités de chez eux et death metal véloce, s'enrichit d'un côté bien plus dark en fin de course.
Comme sur les autres sorties d'Xtreem Music que j'ai pu écouter dernièrement, le son est particulièrement propre. Il faut dire qu'une production médiocre aurait fortement desservie un tel album, dont la richesse ne peut prendre son sens qu'avec un mixage réussi, ce qui est le cas ici. Fort heureusement car les breaks exotiques parsèment l'album et sont présents sur tous les morceaux et le chant traditionnel féminin n'est pas rare et ce sont justement ces interventions qui font tout le charme de Shiva Rudrastakam. Il aurait été dommage de se priver d'un tel atout, d'autant qu'il me paraît indubitablement maîtrisé même si je n'ai clairement pas l'habitude d'écouter ce type de musique ethnique.
La qualité technique est également au rendez-vous, sans qu'elle prenne le dessus cependant. La base death metal de Dying Out Flame reste assez classique, virulente et impétueuse certes mais classique, à rapprocher de Nile, Krisiun ou Hate Eternal, et c'est bien l'ajout exotique de musique traditionnelle qui oeuvre à faire du combo népalais une véritable entité se démarquant des autres productions. 


Dying Out Flame est définitivement un groupe atypique. Si, comme je le disais plus haut, il n'est aujourd'hui plus rare de voir des groupes de death metal s'enrichir de sonorités ethniques, il nous restait à découvrir le death metal védique. Un début très prometteur qui n'est entaché que par sa brièveté. Ces 36 minutes paraissent en effet bien courtes mais suffisent largement à démontrer que Dying Out Flame n'est pas un simple groupe de plus mais possède une réelle personnalité.









mercredi 25 février 2015

TORRENTIAL DOWNPOUR - Truth Knowledge Vision

TORRENTIAL DOWNPOUR


Truth Knowledge Vision






Post-thrash technique
Date de sortie: 10 juin 2014
Label: Indépendant


Tracklist:
1. Helotry
2. TKV
3. Satan, Whatever...
4. Hyperion
5. EYNIH
6. Basilisk
7. The Prayer
8. The Offering
9. Ride Of Your Life
10. Bring The Stars Down
11. Certitude








Qu'elle fut éprouvante cette chronique! Ouais bon je sais, je la débute en racontant la fin, c'est totalement con. Mais relax, y a pas de spoiler. Et donc bah... J'ai galéré à la pondre et je suis crevé. Et je suis revenu exprès refaire mon intro parce qu'elle a plus de gueule maintenant. Faut dire que se concentrer sur un album, rassembler des idées pour l'orientation de son pavé et se détruire les neurones rien qu'en l'écoutant de nouveau a quelque chose de frustrant et du coup, on ne sait plus trop par où commencer. J'ai bien essayé d'imaginer une copulation improbable entre Devin Townsend et Meshuggah sur fond d'expérimentation extraterrestre... mais les images qui me sont alors apparues m'ont stoppées net. Oui j'ai des idées un peu dingues parfois. Sur ce coup là, c'est pas de ma faute. Les gars de Torrential Downpour SONT dingues. Mais plutôt le genre savants fous de la musique vous voyez? Ils partent dans toutes les directions, en changent sans arrêt et sans prévenir si bien qu'on est régulièrement à 2 doigts de décrocher mais non, l'alchimie est là et fonctionne plutôt bien et au final ça a du sens.  

Truth Knowlegde Vision est une petite expérience en soi. Je n'ai jamais été confronté à une crise de schizophrénie, je sais désormais ce que c'est. Et vous aussi vous saurez si vous écoutez cet album. Le quatuor originaire du New Jersey (et à la discographie déjà fournie, 3 EPs et 2 albums avant ce dernier) vous malmènera ainsi à l'aide de gros riffs rentre-dedans et de hachage rythmique, de pétages de plombs littéralement assomants et d'un bon grain de folie compulsive et tendue comme un string. Une approche très moderne s'il en est, les fans de la vieille école risquent en revanche de rester perplexes mais ceux qui auront été élevés avec les groupes cités plus haut ou leurs rejetons plus récents devraient aisément prendre goût aux structures déjantés des Torrential Downpour. Et c'est quand ils vous auront bien secoués au point d'avoir la tête qui pend sans pouvoir la relever qu'ils vous prendront à revers avec des envolées post rock atmosphériques. C'est bon tu peux souffler. Sauf que c'est un leurre, à peine le temps de rouvrir les yeux que tu te fais tabasser à nouveau à grands renforts de samples et de hurlement enragés, de riffs hallucinés proches d'un metal progressif et violent à la fois. 
Des morceaux comme "Satan, Whatever..." auront tôt fait de vous épuiser jusqu'à la corde avec ces averses de notes de guitares et ces samples qui surgissent de toute part pour vous retourner la cervelle, ces types sont dingues je vous dis! Et malgré ça, le groupe sait également poser ses ambiances. Comme je le disais plus haut, des plages atmosphériques ou plus mélodiques, en tout cas carrément moins barrées, viennent calmer l'état de crise sinon quasi permanent comme autant de pauses bienvenues. Le temps d'instrumentaux ou d'introductions propices à la mise en place d'une toile de fond pour la tempête à venir. Ces coupures sont suffisamment immersives pour que l'on se fasse avoir à chaque fois dès que le martelage agressif reprend ses droits. C'est particulièrement le cas sur la pièce épique dépassant les 9 minutes qu'est "Hyperion" où le quatuor prend tout son temps pour poser chacun de ces éléments, faisant monter progressivement l'intensité jusqu'à l'explosion finale. 

Nous sommes ainsi constament dans l'entre deux mondes avec l'impossibilité de prédire ce qui va suivre. Torrential Downpour frappe sans relâche de cette façon, là où on les attend le moins. Les américains s'en donnent ici à coeur joie et offrent là un véritable OVNI, les 50 minutes de sauvagerie schizophrénique les plus étourdissantes que j'ai écoutées depuis bien longtemps. 








mardi 24 février 2015

LE COMPLOT DES LÉPREUX - Histoires de Chutes



LE COMPLOT DES LÉPREUX

Histoires de Chutes

Genre : Black Metal
Date de sortie : 10 Février 2015
Label : Indépendant

Tracklist :
1. L'avarié
2. Par le serpent guidé
3. L’infection prend forme... Sucez les rats !4. Ainsi soit-il
5. Gloire au saint instinct 



   Après plusieurs semaines de recherches et d’attentes dans les sorties françaises et à proximités ce qui mériteraient que j’y consacre quelques lignes, j’ai finit par trouver. Sorti de l’underground français, voici venir le mystérieux Complot des Lépreux. Formation picarde, venue d’Amiens, qui nous sort sa première Démo nommée « Histoires de Chutes ».  Il est triste de voir encore fois une œuvre d’art noir rester dans les ombres qui l’ont enfantée, car la qualité et la maîtrise sont bien là et l’offrande du groupe ravira plus d’un fan de Black Metal. Musicalement, cette démo est très complète et variée, il est difficile d’y entendre des influences, on pourra cependant penser à Marduk, période Those Of The Unlight ou Opus Nocturne sur les jeux de batteries et certains riffs, à DeathSpell Omega pour ces ambiances dissonantes et également à Judas Iscariot sur certaines de ces pièces.

     Les sonorités avancées dans cette première démo ne sont pas inconnues mais peu prennent le risque de s’en servir et surtout peu y arrivent. En effet la majorité de cette Histoires de Chutes est dissonante, avec de riffs torturés et macabres qui se font rares malheureusement mais qui étaient plus fréquents dans le Black Metal des années 2000, époque où cette démo aurait pu sortir d’ailleurs. Dès la première pièce, on pourra être surpris par ces guitares parfois saccadées, toujours dissonantes. Tout au long de cette Démo, ces guitares vont créer l’ossature de la musique par de nombreux changement de tempos et d’ambiances, faisant suivre le chant et la batterie. Ce qu’on gagne en complexité, en saveur musicale, on ne le perd en rien en ardeur et violence car c’est à grand renfort de blast beat toujours bien placés et d’une voix hargneuse à souhait que les musiciens complètent leur œuvre macabre. Tant que j’en suis à parler de la voix, pour mon plus grand plaisir les paroles sont en français. Je pense que de pouvoir comprendre les paroles renforce le lien à la musique et ce n’est pas la clameur « SUCEZ LES RATS ! » qui viendra me contredire. De plus, un chant en français donne tout de suite une âme, une personnalité distincte au groupe voire un certain crédit. Ca peut également être un pari risqué, limitant peut-être la propagation de la peste chantée par le combo, mais vu la qualité je ne pense pas que l’on s’arrête à de tels détails. La voix est puissante mais pas tout le temps, parfois prise d’un moment de faiblesse, elle perdra de sa virulence ce qui est déplorable mais ce n’est là qu’une démo et la barre à déjà été placée bien haut mais celle de nos attentes avec. Comme je le disais le jeu de batterie me rappelle un peu les vieux Marduk, avec ces blast beats ultra rapides, puissants et ces cymbales. Toujours précis, il apporte une puissance indéniable à l’ensemble, servant les mélodies malheureusement il faudra parfois tendre un peu l’oreille pour percevoir toute la subtilité des percussions, les guitares étant mixées parfois très en avant. 
    Les petits défauts que je relève ne sont rien face à la globalité de l’œuvre où macabre, fougue et hargne viennent se mêler dans une harmonie destructrice. Les mélodies sont accrocheuses, les riffs efficaces et incisifs à souhaits. Le tout est puissant, funèbre, morbide en partie grâce à une production très compacte, homogène et organique surement aussi avec l’aide de ces vocaux qu’un peu d’écho viendra sublimer pour donner plus de profondeur à des temps forts. Des clameurs hargneuses s’élèvent jouant sur l’un des points fort de cette démo, le français, ébranlant l’auditeur qui pourra les comprendre.

   Le Complot des Lépreux frappe fort pour son premier méfait et montre que l’on peut encore faire un Black Metal original et intelligent, qui plus est dans sa langue natale. Sans être parfaite, cette Histoires des Chutes, est l’exemple d’une bonne démo de l’underground que bien trop de gens ratent. Sincérité, violence, intégrité et sans compromis, voila des valeurs de la scène extrême qui ne doivent pas être perdues, c’est pour cela qui l’est important de s’intéresser aux petits groupes qui bien souvent apportent bien plus que les grands noms déjà acquis. Le groupe n’ayant que peu donné signe de vie depuis presque un an, mise à part cette sortie, je ne peux qu’espérer d’une suite et encore meilleure.

- Sarcastique









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dimanche 22 février 2015

HOLOTROPIC - Permeate

HOLOTROPIC


Permeate





Death metal progressif
Date de sortie: 27 octobre 2014
Label: Indépendant


Tracklist:
1. Judge
2. Scintillate
3. Rupture
4. Wysinati
5. Traveller
6. Tantrums
7. Filters
8. Hunch
9. Integral







C'est metal ou pas? L'éternelle question que nombre de fans et / ou pseudo-critiques se sont déjà posés. Je n'ai pas la prétention d'être un professionnel de la chronique ceci dit, je ne détiens pas la vérité et l'avis que je donne sur un album est bien évidemment discutable. Mes (nos) lecteurs ont tout à fait le droit d'avoir un point de vue différent voire d'être en total désaccord avec ce que nos pouvons raconter ici. Mais c'est metal ou pas? On a le droit d'écouter ça quand on est metalleux? Si je demande ça, c'est parce que le sujet de cette présente chronique semble animer quelques débats sur le grand, le seul, l'unique et visiblement élitiste metal-archives. Je trouve qu'il vaut mieux s'en amuser. Tant que la musique est bonne, pourquoi s'en priver? Pourquoi vouloir à tout prix la faire entrer dans une case et se limiter à une vision aussi manichéenne?

Holotropic, puisque c'est le nom de ce charmant groupe originaire de la capitale slovaque, a justement la ferme intention de faire taire ces débats stériles. Au menu: la recherche d'originalité et une totale liberté d'expression artistique. En d'autres termes, un death metal technique et brutal mais aussi progressif, s'étendant à des registres aussi variés que des interludes au piano, du jazz, de la musique orientale et même un soupçon de djent sur certaines rythmiques chaotiques.

Formé en 2013 sur les cendres de Dyschromatopsy, Holotropic est constitué de musiciens expérimentés malgré la récente création du groupe si l'on en juge par la liste de leurs précédents groupes (Nonprolific, Drifted Shadows, Disconcrete, God Defamer, Power Of Pussy, Virtual Voyage...).
Le parti est donc pris de mixer des influences très diverses. Cités en références, des formations comme Cryptopsy, The Faceless ou Cynic pour la facette death metal brutale et technique, Tool, King Crimson ou Cult Of Luna pour l'aspect progressif et alambiqué ainsi que des joueurs d'instruments folkloriques orientaux comme Anoushka Shankar, Dhafer Youseff et Harpirasad Chaurasia, cohabitent ici dans un tout cohérent. Il est évident que des structures si complexes nécessitent une immersion particulière et parlerons davantage aux musiciens. Pour autant, si la technicité est évidente, Holotropic ne se répand pas en démonstrations inutiles et reste centré sur l'essentiel. Ce que je reproche habituellement à ce type de groupe, à savoir cette manie de vouloir prouver je ne sais quoi et produire au final une musique sans âme, aseptisée, froide et bien trop scolaire est absent ici. Les morceaux sont courts (si l'on enlève l'exception "Integral" et ses 11 minutes) et démontrent une aptitude à se débarrasser de toute fioriture. Chaque variation est étudiée avec soin, chaque élément est maîtrisé.
Utilisés avec parcimonie, un chant clair bien manié vient enfoncer le clou à divers passages et vient aérer le tout une dernière fois, tout comme le font le piano lors de ses interventions, les breaks jazzy ou quelques riffs de guitares plus mélodieux, plus simples et accrocheurs.

Puisqu'on parle du chant, venons-en au concept que cache Permeate. Je ne me suis à vrai dire pas encore penché sur les textes (j'attend d'avoir la copie physique de l'album pour me plonger pleinement dans l'artwork pour cela) mais il est cependant intéressant de constater que le groupe déclare dans sa biographie traiter de "conscience, de perception de la réalité, de troubles mentaux et de préjugés, de spiritualité et de quête pour comprendre le monde et se comprendre soi-même" en citant plusieurs références littéraires et philosophiques dont Terence McKenna, Robert Anton Wilson, Alan Watts et Kim Wilber. Textuellement comme musicalement, Holotropic n'a pas choisi la voie la plus simple et s'il s'en sort aussi brillamment sur le fond que sur la forme, cela promet d'être un voyage encore plus passionnant.

Vraiment, je ne peux donner qu'une vision globale de cet album tant celui-ci est riche. Permeate est un album particulièrement solide et intelligemment construit, un voyage un peu fou et audacieux mais réalisé avec classe, débordant de bonnes idées. Et je suis certains que le groupe en a encore un bon paquet sous le coude pour nous en mettre plein les yeux et les oreilles. La grosse surprise inattendue de la fin d'année précédente. 















DOOMBRINGER - The Grand Sabbath

DOOMBRINGER


The Grand Sabbath






Blackened death / doom
Date de sortie: 31 octobre 2014
Label: Nuclear War Now!


Tracklist:
1. Labyrinth Of Everlasting Fire / Ecstasy Of Witch Blood
2. Ominous Alliance
3. Nocturnal Assembly
4. Vessel Of Gifts
5. Children To Moloch
6. The Sleep Of Thanatos
7. Grand Sabbath Reaps Souls







Il aura fallu pas moins de 7 ans aux Polonais de Doombringer pour sortir leur très attendu premier long play. Formé de membres de Bestial Raids et Cultes Des Ghoules (à ne pas confondre avec le Cultes Des Goules sans "h" allemand), le quatuor n'est pas resté inactif durant toutes ces années, peaufinant son style de démo en démo, démos acclamées par les critiques assez curieux pour se pencher dessus. 7 années de travail donc, et à l'écoute du résultat, on ne peut décemment pas dire qu'elles auront été inutiles. La signature récente avec le label américain Nuclear War Now! au roster certes underground mais comportant pas mal de noms cultes tombe à point nommé et devrait offrir à la troupe impie de Kielce une exposition amplement méritée et espérons-le, suffisante.
Nous noterons d'ailleurs le travail soigné de l'édition vynil, également disponible dans une version "die hard" absolument somptueuse ainsi que l'artwork signé Marko Morav dont la vision démoniaque est une excellente première approche (ou devrais-je plutôt dire accroche) visuelle annonçant une musique occulte et ritualiste. 

Nous retrouvons effectivement dans The Grand Sabbath ce côté ésotérique déjà présent chez Cultes Des Ghoules, dont l'influence se ressent bien plus que celle de Bestial Raids. Arrêtons ici les comparaisons, Doombringer se distingue de ces 2 groupes par une approche plus variée. Si à la lecture du nom du groupe et de l'album on pourrait s'attendre à une production typiquement doom, les Polonais nous servent plutôt une base death old school à laquelle se mêlent des éléments doom, en effet, mais aussi black metal, glissant aux détours de progressions lentes et hypnotiques vers des riffs frénétiques et virulents, des tourbillons de notes malsains et blasphématoires. Puis le groupe surprend encore et c'est lors d'atmosphères plus posées mais ô combien menaçantes que The Grand Sabbath se révèle être véritablement l'album qu'il prétend être, un rituel musical venimeux dont émane un mal extatique.

Rapproché de formations telles que Goatlord, Varathron ou Mortuary Drape, Doombringer fait le lien entre ces différentes facettes du metal extrême. L'utilisation de différents registres vocaux y est pour beaucoup. Les grognements black / death caverneux résonnent comme s'ils avaient été captés au fond d'un gouffre, des hurlements habités d'une obscure force déchire l'horizon et parfois se font entendre d'étranges mélopées, sortes de gémissements ritualistes que l'on jurerait sortis d'une fête païenne et sacrilège, comme c'est le cas notamment sur "Nocturnal Assembly" ou "The Sleep Of Thanatos". Hasard ou pas, je ne peux m'empêcher de souligner ici le fait que l'album soit sorti un 31 octobre.

Les changements stylistiques sont parfaitement maîtrisés par le guitariste également. celui-ci parvient habilement à passer d'un registre à l'autre en variant les techniques, trémolos picking incisifs et lourdeur pachydermique s'entrecroisant au gré de ses envies. C'est sur les passages les plus lents qu'il nous offre ses riffs les plus épiques et si le genre ne se prête globalement pas à la démonstration technique, il parvient malgré tout à parsemer l'album de quelques solos bienvenus, ingénieusement placés en retrait dans le mix final pour plus de profondeur.
Car si effectivement le son caverneux de The Grand Sabbath fait résolument old school, il y a une certaine profondeur qui ne se révèle qu'au fil des écoutes successives et l'on est parfois surpris de découvrir de nouveaux détails qui nous avaient échappés de prime abord.

Doombringer, en prenant soin de sculpter son art pas à pas, réussit avec The Grand Sabbath à combiner les 3 grands sous-genres du metal extrême en y insufflant une véritable touche personnelle. Un premier album prometteur qui les démarque déjà de leurs aînés et c'était bien là la chose à faire. Bien vu!



  

samedi 21 février 2015

AWAKE IN SLEEP - Heights


Awake in Sleep

Heihgts





Genre : Sludge/Post-hardcore/Post-rock

Date de sortie : 2 Février 2015
Label
 : Indépendant



Tracklist :

1. The Seed

2. Lines
3. I Burnt My Home
4. Heights
5. Lost In Time
6. Spreading Lights






   A l’opposé de ce que j’ai pu chroniquer jusqu’à présent sur notre site, voici venir Awake In Sleep, formation à la croisée de nombreux genres, d’origine parisienne et qui nous gâte avec son nouvel album sorti il y a peu. Il me parait difficile d’associer la musique du groupe à d’autres, tant elle est riche et variée, de nombreuses influences musicales viennent se mêler allant du Sludge jusqu’au post-rock, en passant par le post-hardcore et le rock progressif. Prêtons nous quand même à cet exercice un peu futile, une certaine influence peut se faire sentir de groupe comme Year Of No Light tout d’abord, mais aussi Cult of Luna, voire même certains riffs rappelant Pink Floyd.
 
   En effet, la musique d’Awake in Sleep est un melting-pot de beaucoup d’éléments mais le groupe arrive toutefois à mener sa barque à travers les récifs du surfait, du maladroit et du trop plein. Les ambiances sont à la fois complexes et parlantes dès le première abord, mélange d’immédiat et d’approfondissement. Il est des groupes où plusieurs écoutes sont nécessaires, d’autres au contraire s’offrent à nous immédiatement mais ne supportent pas toujours la lassitude. Ce Heights sait allier avec brio ces deux caractères précédents, le plaisir et l’immersion sont immédiats au sein de l’atmosphère de cet album, mais c’est au fil des écoutes que l’on apprend à mieux connaitre la musique qui s’offre à nous, qui révèle peu à peu son intimité.
    Alliant des passages sludge lourds à souhait et des atmosphères planantes voire progressives où bien souvent la reverb et l’écho viennent apporter une profondeur sereine, une beauté contemplative, cette nouvelle œuvre des parisiens est très réussie. Et même si certains changements d’ambiances sont parfois un peu brusques, l’auditeur est vite happé par l’osmose de la multitude de sonorités différentes qui s’offrent à lui. Les compositions sont riches, léchées, comme si chaque élements apportaient sa pierre au grand tout qu’est l’album, tout est parfaitement à sa place, sert l’atmosphère ainsi la musique transporte par son côté organique, vivant et émotionnelle. Cependant, malgré toute sa qualité, un petit défaut subsiste dans cet album. C’est l’utilisation du chant, avec son timbre très post-hardcore, la voix se veut puissante même parfois à des moments où il l’aurait fallu plus posée. Parfois et de façon judicieuse, le chant se fait plus doux, plus distant aussi, apportant la plénitude recherchée mais il est cependant, trop vite à mon goût, rattrapé par la voix saturée. A force d’être utilisé, cette dernière perd une partie de sa violence ainsi les passages plus sludge, plus agressifs, manquent un tantinet de puissance qu’une voix plus profonde et lourde aurait pu apporter. Ce bémol est bien vite gommé par les nombreuses mélodies planantes proposé par le groupe, notamment sur le titre éponyme ou encore celui d’ouverture. Mélodies qui  se croisent, jouent entre elles, sur les tempos et structures car comme je le disais les compositions sont à la fois immersives et complexes, en effet Awake In Sleep réussit à mêler de nombreuses mélodies et sonorités sans jamais faire brouillon, les morceaux sont denses mais toujours maitrisés et on ne saura vite plus où donner de l’oreille alors on se laissera simplement bercer par les ambiances portées par ce Height.

   Au final c’est une bonne surprise que cet album, dans un genre en pleine expansion depuis quelques temps il est parfois difficile de ne pas copier les maitres. Cependant, Awake in Sleep a joué la carte de la variété, de la liberté et du sans complexe, évoluant dans un style encore jeune il n’y à guère de limite à la composition et c’est ce que le groupe a su exploiter. Usant de bases communes d’influences reconnaissables, le combo à su s’élever et créer à force de ses propres bras pour finir par accoucher d’une œuvre d’une grande qualité, très intime et personnelle qui emmènera sans problème l’auditeur vers une écoute contemplative. C’est donc une concrétisation pour le groupe, après un EP déjà bon, avec ce très réussi Heights.  


- Sarcastique






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AMON AMARTH + HUNTRESS + SAVAGE MESSIAH 03/02/15 Reims, La Cartonnerie




Retour à Reims après ces petites escapades hors de mes contrées mais cette fois non pas à l'habituel Excalibur mais à la Cartonnerie, salle de moyenne envergure qui ne propose que trop rarement ce type d'affiches. Peut-être les choses vont-elles changer désormais, espérons-le en tout cas, car cette soirée fut une réussite en terme d'entrées, plus de 900 (!!) me souffle-t-on à l'oreille.

Entrée rendue d'ailleurs difficile par le zèle des agents de sécurité... C'est sûr, l'imagerie utilisée par Amon Amarth peut être intimidante pour un non habitué mais il ne faut rien exagérer, les haches ne tiennent pas dans les poches jusqu'à preuve du contraire. Du coup, le show de Savage Messiah me passe presque entièrement sous le nez et je n'assiste de loin qu'aux deux derniers morceaux. Bon ceci dit, ce type de heavy metal qui sent le réchauffé, ça peut être sympa, mais ça a plutôt tendance à me lasser rapidement, donc deux morceaux c'est bien comme ça.
Setlist:
1. Iconocaust
2. Cross Of Babylon
3. Hellblazer
4. Scavengers Of Mercy
5. The Fateful Dark
6. Minority Of One


Vient ensuite Huntress et là, même constat, définitivement pas ma tasse de thé. Musicalement plus que correct, c'est burné et les musiciens mouillent le maillot, ça pourrait même me plaire. Dommage que leur prestation soit gâchée par les hurlements désagréables d'une hystérique. Exploser les tympans de l'assistance de la sorte avant la tête d'affiche relève du crime contre l'humanité. Bref, pause clope et aller-retours au bar, ça pousse à la consommation en plus!
Setlist:
1. Senicide
2. Harsh Times On Planet Stocked
3. Spell Eater
4. Starbound Beast
5. Zenith
6. Flesh
7. I Want To Fuck You To Death
8. Eight Of Swords


D'un autre côté, ça met en condition pour Amon Amarth! C'est par un véritable raid organisé sur la France, la Grande Bretagne et la péninsule ibérique que les guerriers nordiques ont à coeur de marquer un grand coup une dernière fois avant la sortie de leur prochain hommage aux Ases, dont la sortie est prévue cette année. Fidèle à sa réputation, le groupe suédois nous offre un show puissant et mélodique à la fois. Les riffs galopants prennent définitivement tout leur sens en live. La communication entre Johan Hegg, au charisme et à la bonne humeur naturelle, et le public rémois est exemplaire, notamment lorsqu'il s'essaie au français, les bières se lèvent (je crois bien qu'on a littéralement péter les scores de débit de boisson de la salle) et la fosse ressemble de plus en plus à un champs de bataille, entraînée dans cet exercice par le headbanging sauvage des vikings. Le son est massif, imposant tout en restant clair, comme sur album cela risque donc d'être épique!
Malgré le fait que le groupe tourne désormais depuis presque 2 ans sur le même album, Deceiver Of The Gods et que la setlist est, de fait, évidemment quasi identique depuis tout ce temps, les metalheads présents n'en ont cure et réveillent le viking qui est en eux à la demande de Johan, reprennent en choeur les mélodies cultes et imparables et tentent, parfois (souvent) vainement d'accompagner Johan et sa voix gutturale. Pour autant, et c'est aussi ce qui est sympa avec Amon Amarth, les suédois piochent dans l'intégralité de leur discographie, contentant ainsi tout le monde. Seul The Crusher est passé à la trappe mais d'anciens morceaux cultes comme "Death In Fire" ou "Victorious March" ont toujours autant d'impact. Ce dernier clôt d'ailleurs la soirée avant les rappels, derniers sursauts d'énergie et pas des moindres d'un côté comme de l'autre. "Twilight Of The Thunder God" suivi de "The Pursuit Of Vikings" c'est certes facile, mais tellement efficace!
Amon Amarth remercie longuement et chaleureusement le public de s'être déplacé en nombre et d'avoir si bien répondu aux assauts du groupe avant de quitter les planches. On peut dire ce qu'on veut sur Amon Amarth, que le groupe se répète ou que le prochain album se fait attendre, il n'empêche qu'il ne déçoit jamais sur ses prestations live. 
Setlist:
1. Father Of The Wolf
2. Deceiver Of The Gods
3. Live For The Kill
4. Varyags Of Miklagaard
5. Asator
6. For Victory Or Death
7. As Loke Falls
8. Bleed For Ancient Gods
9. Death In Fire
10. The Last Stand Of Frej
11. Guardians Of Asgaard
12. Shape Shifter
13. Cry Of The Black Birds
14. War Of The Gods
15. Victorious March

Rappel:
16. Twilight Of The Thunder God
17. The Pursuit Of Vikings

jeudi 19 février 2015

BEHEMOTH + THE GREAT OLD ONES, 15/12/14 Savigny-Le-Temple, L'empreinte







Enfin! Après une longue série d'empêchements en tous genres et de jeux de malchance, j'ai enfin vu Behemoth! Lorsque l'annonce que les Polonais passent dans le coin parvient à mes oreilles, cette fois c'est décidé, hors de question de louper ça une fois encore. Et en plus, on me sert The Great Old Ones sur un plateau en guise d'échauffement. Et c'est à l'Empreinte de Savigny-le-Temple que ça se passe, chouette petite salle où j'ai déjà pu apprécier Gojira ou Pittbulls In The Nursery parmi d'autres. Salle bien remplie pour l'occasion d'ailleurs et c'est tant mieux. Une telle affiche, c'est immanquable. 

Alors à force d'en parler on va peut-être dire que je suis un vendu à la solde de LADLO (ce qui n'est pas totalement faux, mais tant que la qualité est là, je ne vais pas me priver et c'est du bénévolat, pour mes tarifs de suce boules, veuillez me contacter par mail) mais sur ce coup là, c'était pas tellement prévu d'une part et ensuite, The Great Old Ones a quand même la putain de classe! Première partie oblige, la setlist est écourtée mais les Bordelais parviennent sans peine à convaincre ceux qui ne les connaissaient pas encore. Leur black metal lovecraftien fait mouche et embarque l'assistance dans son monde terrifiant peuplée de créatures aussi étranges que dangereuses. Des premiers mots de la désormais habituelle introduction "Je Ne Suis Pas Fou" au dernier accord, je suis submergé par l'aisance avec laquelle le groupe retranscrit ses ambiances sur scène. Les trois guitares sont stridentes et témoignent parfaitement dans leurs déchaînements sonores de l'horreur indicible dans laquelle les protagonistes se trouvent bien malgré eux. Les jeux de lumières, d'un bleu blafard ne rendent que justice au blizzard musical, une fumée dense achève de mettre en place l'aspect visuel et si le portrait de Lovecraft a disparu du fond, son oeuvre n'en est pas moins sublimé une fois encore. Parfaite symbiose avec la température extérieure, c'est certain, The Great Old Ones en a fait frissonner plus d'un et a gagné de nouveaux fans ce soir.
Setlist:
1. Je Ne Suis Pas Fou / Antartica
2. Visions Of R'Lyeh
3. The Elder Things
4. Jonas
5. The Truth 


Le temps d'un rafraîchissement et aux techniciens de s'affairer sur scène et la place est investie par le géant polonais Behemoth. Cette configuration de petite salle laisse peu de place aux décors habituels du groupe. Symboles occultes, serpents et structures métalliques sont malgré tout bien là, l'espace, même réduit est totalement utilisé. Conforme à l'esthétique des albums du groupe, toujours soigné donc même quand cela est restreint. Nous pouvons toujours compter sur les divers accessoires utilisés en cours de route pour ajouter un côté grandiloquent et théâtral, du corpsepaint aux torches. L'énorme batterie d'Inferno est surélevée er surplombe l'assistance. Il manque bien les effets pyrotechniques, n'ayant vu jusque là Behemoth qu'en vidéo, mais nous sommes ici dans une salle qui ne permet pas une telle mise en scène hollywoodienne. Les musiciens feront le reste! Pas de doute, Behemoth ne fait vraiment pas dans le minimalisme. En terme de son également, déjà rendu à moitié sourd pendant les balances, je crains pour la suite et mes capacités auditives. Crainte confirmée dès que l'intro de "Blow Your Trumpets Gabriel" laisse place aux grosses saturations et aux blastbeats. Malgré tout, il m'en faudra bien plus pour me foutre ma soirée en l'air. Après m'être quand même précautionneusement reculé, je profite donc d'une vue globale de la scène et c'est vraiment un grand spectacle auquel nous assistons. Nergal et Orion arpentent la scène de long en large, invitent le public à participer au maximum bref, ils donnent de leur personne et cela fait vraiment plaisir à voir. Concernant Nergal, quelle prestance! Je ne sais pas si on peut véritablement parler de charisme mais sa dépense physique est en tout cas communicative et l'assistance y répond avec enthousiasme. Ah et j'allais oublier, mention spéciale à Orion pour ses grimaces, c'est hilarant! 
Bien évidemment peu de surprises musicalement parlant si ce n'est une setlist assez peu centrée sur The Satanist (4 extraits seulement) mais je ne vais pas m'en plaindre. Un best-of dans le genre qui varie les plaisirs, en piochant dans la discographie fournie de Satanica à Evangelion n'est certainement pas pour me déplaire. Et je ne suis pas seul à en juger les réactions quand "Decade Of Therion" ou "Chant For Eschaton 2000" font trembler les murs de l'Empreinte. Bon un petit "Antichristian Phenomenon" manquait à l'appel mais je ne vais pas faire le difficile. Le groupe clôture la soirée de la même façon que se termine The Satanist par le psalmodiant et énigmatique "O Father O Satan O Sun!" qui prouve que Behemoth, cornes démoniaques sur la tête pour ce seul rappel, tout brutal et imposant qu'il est, sait aussi varier les ambiances. Un grand concert, par un grand groupe mais dans une petite salle qui permet une proximité et une réelle communion avec les musiciens, ce que l'on ne retrouve pas ailleurs. Mis à part le volume un peu trop poussé, les conditions étaient idéales et comme je l'ai annoncé en sortant de ce concert "je suis dépucelé du Behemoth, ça fait toujours mal la première fois." 
Setlist:
1. Blow Your Trumpets Gabriel
2. Ora Pro Nobis Lucifer
3. Conquer All
4. Decade Of Therion
5. As Above So Below
6. Slaves Shall Serve
7. Christians To The Lions
8. The Satanist
9. Ov Fire And The Void
10. Furor Divinus
11. Ludzie Wschodu
12. Alas, Lord Is Upon Me
13. At The Left Hand Ov God
14. Chant For Eschaton 2000

Rappel: O Father O Satan O Sun!

mardi 17 février 2015

REGARDE LES HOMMES TOMBER + DEUIL + AÎN 29/11/14 Belleville-sur-Meuse, MJC du Verdunois





Choix des plus cornéliens pour ce samedi soir... En effet pas moins de 3 concerts géographiquement assez proches de chez moi et il me fallait donc me décider entre The Walking Dead Orchestra à Château-Thierry, Regarde Les Hommes Tomber dans l'agglomération de Verdun ou Trepalium à Jarny. Mon choix se portera finalement sur Regarde Les Hommes Tomber pour plusieurs raisons. La première, c'est qu'ils m'ont foutu une sacré branlée en septembre dernier à Nantes à l'occasion de l'anniversaire de leur label, Les Acteurs de l'Ombre. Ensuite, les premières parties Deuil (eux aussi adoubés par LADLO) et Aîn, groupe particulièrement mystérieux sur lequel très peu d'informations circulent, éveillent ma curiosité. Ça et puis le fait que c'était quand même plus dans l'esprit de mon humeur du moment.
Ce sera aussi l'occasion de faire connaissance avec Thomas, le nouveau chanteur de Regarde Les Hommes Tomber U.W. ayant choisi de quitter le groupe (pour se concentrer sur le prochain Otargos?).


Malgré la présence de Trepalium à quelques kilomètres de là, c'est une bonne centaine de personnes qui auront fait le déplacement, ce qui est tout à fait honorable. La salle, accolée à la MJC locale est bien sympathique et bénéficie d'une bonne acoustique, programmation future à surveiller donc.


C'est au groupe messin Aîn, à la discographie encore vierge que revient la tâche de chauffer le public. Le groupe revient d'une tournée en Europe de l'est et donne ce soir son premier concert sur le sol français. Plutôt atypique comme démarche, mais pourquoi pas. Toujours est-il que le post-doom black metal, tel qu'ils définissent leur musique, est une bien bonne surprise. Mise en scène quasi religieuse, tenue style bure de moine capuche sur la tête et visage tourné vers le sol, du déjà vu tout ça cependant la musique parle et c'est bien là l'essentiel. Aîn joue donc sur les ambiances, ici parfaitement retranscrite, changements de tempo, plages atmosphériques, guitares dissonantes et larsen à l'appui, tout en démontrant qu'il est encore possible pour de nouveaux venus de proposer quelque chose de suffisamment bien construit et original dans le style. C'est pour ce genre de découvertes que j'assiste aux premières partie. Là, c'était bien dans le ton de la soirée sans être trop proche des autres groupes à l'affiche et parfaitement exécuté. Surpris par ce set, le public présent en ressort finalement conquis d'après les commentaires entendus pendant l'entracte. Il me tarde de pouvoir écouter le rendu studio.

Convaincre après Aîn et en sachant qui va boucler la soirée, tel est le défi que Deuil va devoir relever. Défi relevé qu'à moitié par la formation belge car après un EP qui m'avait pas mal botté, j'en attendais plus et Deuil n'est malheureusement pas parvenu à me laisser un souvenir impérissable. Leur show était appréciable, carré et c'est plongé dans l'obscurité que nous apprécions leur sludge mortuaire. Tous les éléments étaient donc là mais il manquait quelque chose à leur prestation pour en faire le moment de recueillement attendu. Il faut dire que le groupe boucle la chose rapidement avant de quitter la scène brusquement. Dommage car leur EP est vraiment bon. Espérons que la prochaine fois, avec leur premier long play à paraître cette année, sera la bonne car ça m'emmerde sincèrement de rester sur une impression en demi teinte.

Ce qui est chiant avec les groupes comme Regarde Les Hommes Tomber, c'est que quand t'as déjà écrit un article sur eux, ben tu sais plus trop quoi en dire. Certainement pas de déception ici, bien au contraire. Les Nantais nous embarquent une fois de plus dans le chaos le plus complet et nous font contempler l'abîme de son sludge blackisé puissamment vertigineux avec une facilité déconcertante. Vous connaissez cette sensation d'être attiré par le vide? C'est ça, Regarde Les Hommes Tomber ne s'appelle pas comme ça par hasard. Thomas (aussi chanteur de War Inside) s'en sort admirablement bien, dans un registre peut être plus proche du black metal. Aucune crainte à avoir quant à l'avenir du groupe donc. L'ayant vu à deux reprises en deux mois et avec les deux vocalistes, je peux assurer que le prochain album à paraître également cette année sera encore un grand moment de musique cataclysmique. Pas un mot entre les morceaux, pas de rappel, là encore l'affaire est rapidement dans le sac. Mais bon sang, je ne regrette pas d'avoir fait ce choix.