mardi 31 mars 2015

VOIDCEREMONY - Dystheism






VOIDCEREMONY





Dystheism








Genre : death/black metal
Label : Blood Harvest 
Date : 29 Mai 2015

Tracklist :
1. Ceremony of the Void
2. Profane Accumulation of Execrable Reverence
3. Anti-Worship of the Dead
4. Lunar Qliphoth


Vociférant de sombres menaces à l’encontre du genre humain lui-même, proférant d’absurdes prophéties cauchemardesques d’entre ses dents pourries et déchaussées, VoidCeremony nous plonge depuis les studios d’enregistrements du label Blood Harvest, dans une tornade de mélodies dissonantes et sinistrement évocatrices (au passage, Blood Harvest est un label à surveiller - entre autres, 2 albums de Lvcifyre, qui ont contribués à leurs lancement, y ont étés produits). Une démo a déjà été produite en 2014, il s’agissait en fait de l’avant-goût de cet album-ci (on y retrouve d’ailleurs le morceau de la démo, Ceremony of the Void). Des riffs infernaux et dissonants assourdissent l’auditeur de leurs sauvagerie et de leurs rage, qui n’est cependant pas excessive, elle est juste pile poil bien mesurée pour que de macabres et horrifiantes scènes d’orgies nous envahissent l’esprit, sans exagération, qui est monnaie courante chez des groupes de Brutal/Gore, et qui malheureusement détériore souvent le réalisme de ce genre de scènes évoquées.

Cette formation très prometteuse nous viens des États-Unis, et dévoile au grand jour une oeuvre détachée des classiques bien connus, pour allier avec virtuosité death et black metal, et parvenir à une saveur inconnue à ce jour, bien plus innovante que des groupes comme Behemoth par exemple, qui allie, trop simplement à mon goût peut être, ces 2 genres. Non, un tout autre résultat est obtenu ici, ce groupe s’appuie sur, comme déjà dit, des genres bien affirmés et solides pour composer sa recette, arrivant à une sonorité vraiment particulière, et donc reconnaissable pour les initiés. En effet, la chose qui frappe en premier est sans doute la guitare extrêmement efficace et puissante, presque tonitruante, qui agit telle une immense bourrasque, à en décoiffer les chauves, qui utilise tantôt des accords gutturaux, qui évoque les grognements caverneux d’un démon, tantôt se place dans un registre plus aigu, laissant planer comme un sentiment d’urgence, d’oppression et de très mauvaise augure. Une basse une fois de plus très discrète, qui suit à la lettre la ligne de la guitare, à part à de très rares moments, où en tendant l’oreille on peut saisir de façon audible l'une ou deux notes. La batterie, dont le jeu est d’ailleurs époustouflant, talonnée par le véritable zéphyr inexorable qu’est la guitare, se dépêche de réciter sa leçon virtuose, martelant d’un train très rapide une partition complexe, réglée à la double croche près avec la guitare et la voix. Elle est, à mon humble avis, l’un des plus grands point forts du groupe, qui peinerait à se faire remarquer autrement. Elle est judicieuse à tous moments, elle sait quand exposer ses rythmes alambiqués et savants, et quand laisser place à une guitare plus mélodiques, en s’occupant avec des blast beats (dont la rareté est d’ailleurs remarquable !). Je reproche souvent à certains groupes de trop rehausser la batterie d’un point de vue sonore dans leurs albums, alors qu’elle n’a qu’un rôle d’arrière plan, mais ici, j'en félicitent les musiciens de VoidCeremony pour ce choix, il serait bien dommage de la laisser dans l'ombre. Moins de bons points pour la voix, à mi-chemin entre le caverneux typique du death metal, et un chant torturé scandé habituellement dans le black metal, elle n’occupe cependant pas de très grands rôles dans l’album, ses apparitions étants assez rares. « Lunar Qliphoth », le dernier titre de l'album se termine d’une façon surprenante : alors que les rugissements infernaux s’éteignent peu à peu, une tranquille mélodie, jouée avec une guitare acoustique (ou tout autre instrument acoustique de ce type-là en tout cas), un rien mélancolique. Sans doute le digestif d'un savoureux festin qu’offre le groupe à l’auditeur, essoufflé de ce périple mené à travers ces paysages cauchemardeuses évoqués, pour le laisser apaisé, mais sans doute le surprendre une fois de plus lors du prochain album, avec une rage encore plus intense.
En somme, VoidCeremony nous livre ici un bon, voire très bon disque, transpirant de haine et de violentes menaces, transcrivant une ambiance, bien que vue et revue, singulière par son angle d’approche et manière de description, la façon dont la musique agresse physiquement les tympans avec cet ensemble rageur, hurlant, assaillant les sens d’une véritable kyrielle démoniaque. Le travail de la formation peut paraître à la première écoute d’une inutile et ennuyante sauvagerie déjà souvent usée, mais une oreille attentive et initiée y trouvera une mine d’or, qui se distingue bien des classiques rabâchés, et qui sait doser bestialité, virtuosité et thèmes sanguinolents avec sens et brio. 






- Pestifer 


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(ces liens sont ceux du label, le groupe ne possédant ni page Facebook ni Twitter ni bandcamp puisque l'album n'est pas encore sorit!)





lundi 30 mars 2015

PERMAFROST - Transitory

PERMAFROST


Transitory






Black / doom metal
Date de sortie: 16 janvier 2015
Label: Indépendant


Tracklist:
1. Oak
2. Collapse
3. Nausea







Je garde depuis le début de ce blog une crainte assez débile. Quand un groupe me contacte en vue d'une chronique, j'ai toujours un peu peur de ce que je m'apprête à entendre. En fait, je ne pensais pas un seul instant que nos chroniques susciteraient l'intérêt des musiciens eux-mêmes. Des tonnes de sites existent déjà et notre très faible impact me paraît disproportionné vis à vis des demandes que l'on a reçues. Et je dois admettre que si effectivement je flippe à chaque fois de tomber sur une sombre bouse (surtout parce que je n'aime pas laisser un message sans réponse et que j'ai choisi de ne parler que de musique de qualité) jusque là nous avons eu de la chance. C'est assez bizarre quand je vois les chroniqueurs d'autres sites se plaindre de la quantité de mp3 pourris qu'ils reçoivent. 

Mais fin de la parenthèse, parlons de Permafrost, de l'état de Virginie à ne pas confondre avec les quelques autres groupes évoluant sous le même nom, qui malgré 5 ans d'existence ne sort son premier effort qu'en janvier de cette année sous la forme d'un 3 titres. 5 ans, cela peut paraître long. Cependant, ce temps a semble-t-il été bénéfique à la formation puisqu'il lui a permis de trouver LE son qui lui convient. Lors de ma petite quête d'informations sur Permafrost je suis en effet tombé sur une interview du batteur Ethan Griffiths dans laquelle il expliquait que leur processus de composition a pris un certain temps, s'inspirant tout d'abord du death metal citant en référence Decrepit Birth ou Nile et que peu à peu sont venues se greffer d'autres influences comme le doom tel que pratiqué par Asunder ou Worship puis le black metal. Ainsi, tandis que d'autres produisent rapidement juste pour produire, les Virginiens ont pris soin d'explorer de multiples facettes de la frange extrême du metal et de n'en retirer que le meilleur, avançant pas à pas sans brûler les étapes.  
Il aurait d'ailleurs été dommage de brûler quoique ce soit, permafrost désignant pour ceux qui ne le savent pas, un sol dont la température se maintient en dessous de 0°C pendant plus de deux ans consécutifs. Autrement dit, un coin où je ne risque pas d'aller traîner si ce n'est en musique et cela cadre plutôt bien avec celle pratiquée par le trio. S'affranchissant du death metal, nous retrouvons sur Transitory la froideur du black metal et la désolation du doom sans qu'un style prenne véritablement le pas sur l'autre. Les 3 titres oscillent entre ces 2 influences majeures via une guitare décharnée variant les tempos au gré des envies, assénant de longs riffs à répétions avec lourdeur. Peu de mélodie mais il est à noter certains riffs empruntant également au sludge voire au stoner sur de très courts passages mais offrant une véritable dynamique. 
La voix écorchée de Hollow Lung se mêle à merveille aux lentes progressions musicales. Comme pour la guitare, ni franchement black, ni franchement doom mais seyant parfaitememt aux paysages glacés et dévastés dépeints par celle-ci. Sur "Oak" comme sur "Nausea" un chant clair se fait entendre comme l'apaisement d'un tumulte émotionnel (dans la même interview Ethan Griffiths disait qu'il a vécu la composition de cet EP comme une catharsis et il semblerait que les textes soient assez personnels). A noter que le chant clair présent sur "Oak" est l'oeuvre de Simon Callahan de Midnight Eye. Rendue lointaine par une belle réverb, la performance ses 2 vocalistes ajoute mélancholie et profondeur à des morceaux sinon très lourds. Je n'ai rien contre le chant clair dans mon metal extrême à condition qu'il soit maîtrisé et qu'il apporte un plus, c'est le cas ici. 
Ces qualités font de Transitory un EP prometteur. Mais ce qui me fait dire que Permafrost tient une réelle chance de s'offrir une place au soleil, noir et glacé, de l'underground, c'est bien la section rythmique. La basse, ronflante, est ici bien mise en avant ce qui est suffisament rare pour être souligné mais s'autorise également quelques sorties des sentiers battus et ne suit pas bêtement la guitare comme c'est trop souvent le cas. Le batteur est lui aussi inventif et brode autour des rythmiques basiques propres au style jouant des cymbales intelligemment ce qui permet, même sur les moments les plus lents de garder une certaine intensité. La linéarité installant rapidement l'ennui, c'est ce que je déplore bien souvent sur ce type de productions, surtout lorsqu'elles s'orientent vers le funeral doom comme c'est le cas sur l'ultime pièce de Transitory mais le jeu est ici varié et blasts et roulements insufflent une énergie revigorante.  
C'est dans cet ensemble que la production tire son épingle du jeu et je me dois de souligner l'excellent travail de Simon Callahan (encore) au mixage et de Nikita Kamprad (Der Weg einer Freiheit) au mastering. Transitory sonne de façon rugueuse et caverneuse mais chaque instrument est judicieusement placé, chacun apportant sa signature pour un rendu finalement plus riche qu'il n'y paraît au premier abord. Je recommande d'ailleurs une écoute au casque pour profiter pleinement des performances du bassiste et du batteur. 

Rien ne sert de courir, il faut partir à point, tel est le crédo de Permafrost qui ouvre là sa discographie de fort belle manière. Mais un long play concrétisant cette première sortie est pour ma part attendue avec impatience. Disponible en version digitale en "name your price" sur leur page bandcamp, Transitory a également fait l'objet d'une édition CD limitée à 100 exemplaires.











dimanche 29 mars 2015

HERSCHER - Herscher



HERSCHER


Herscher





Genre : Sludge/Drone/Doom Metal
Date de sortie : 10 Mars 2015
Label : Indépendant

Tracklist :
1. Old Lands
2. Apocatastase
3. Electric Path
4. Skull's River
5. Pétron
6. Bandana






    Un astéroïde de 10 tonnes de groove vient de s’abattre sur Terre et les rares survivants, errants dans la poussière et un paysage de fin du monde, entendent la source de ceci. Ce premier album éponyme du groupe Herscher est une petite merveille venu d’ailleurs ou plutôt de Clermont-Ferrand (presque pareil donc) et exerce un Sludge/Drone/ Doom Metal  qui n’est pas sans rappeler certaines compositions de Dark Buddha Rising avec un relent de Stoner dans les narines. Là où Herscher va faire dans l’original c’est dans son line up ne comportant aucune guitare, nous avons donc une basse ronde et lourde, une batterie tonitruante et un synthé psychédélique, apportant le côté mélodique et transcendant de cet opus.

   Dans un genre aussi vaste et non codifié, on peut vite se noyer dans un chaos musical ou à l’inverse ne pas trop tenter de se mouiller. C’est donc de sa démarche originale qu’
Herscher s’avance, bouleversant les habitudes du style avec toujours cette lourdeur, ces vrombissements de basse, mais ici point question d’un dogme noir à la Sunn, d’un ésotérisme grandiloquent à la Dark Buddha Rising, d’une beauté torturée à la Monarch, non c’est un mastodonte bigarré de puissance, de rythme, de sonorités étranges qui vient frapper de toute sa masses sur nos tympans. Dès l’ouverture de l’album, on retrouve ce que le groupe offrait déjà c'est-à-dire des riffs lourd, avec tout au long de l’opus un excellent travail sur le rythme, mais à la différence des anciennes sorties cette fois vient s’ajouter un synthé nommé Bud. C’est véritablement cet ajout qui va permettre à la musique du groupe de passer un cap, sur les deux précédentes sorties il y avait un travail sur le rythme et le bourdonnement de la basse mais souvent un petit plus manquait pour compléter le tout, et c’est dans les touches de ce synthétiseur que résidait la réponse. Au sein de cette œuvre éponyme, j’ai donc la joie de retrouver ce qui m’avait plu dans l’EP m’ayant fait découvrir Herscher, à savoir le travail sur le rythme, le jeu sur l’harmonie et la disharmonie de la batterie et de la basse , mais cette fois et pour leur premier gros morceau, le groupe évolue et s’offre aux joies du psychédélisme, des longues plages bruitistes ultra réverbérés, du minimalisme électronique pour notre plus grand plaisir. Ainsi de nouvelles ambiances ont pu être mis en place, on peut penser par exemple aux longues plages dronesque de Skull’s River ou au crescendo d’Apocatastase. Le clavier apporte ici une ligne mélodique au panel plus large que la basse sans toute fois empiéter sur son terrain, servant plus de fond sonore.  Car ici la basse reste le seul maître a bord, avec cette maîtrise total du rythme, du jeu de l’instrument et son rendu pachydermique. Pièce centrale de ce CD, elle est le pilier central des compositions, donnant le ton et le tempo avec brio et maestria. Tantôt agressive et puissante, tantôt lourde et ronde elle guidera les différentes atmosphères cosmiques et transcendantes sur ces 40 minutes de lourdeur. Anciennement couplé à la basse, la batterie est légèrement plus en retrait que par le passé, restant plus classique qu’à l’accoutumée mais toujours aussi efficace et se permettant quelques folies rythmiques  avec un panel de jeu très bien exploité qui ne tombe jamais dans la répétition. Les vocaux sont rares, mais toujours dans le ton offrant un côté très ritualiste et poisseux à l’ensemble, pourquoi s’échiner à brailler dans un micro quand quelques clameur ultra réverbérées feront bien mieux ? On  peut penser à Pétron, où des vocals profondes et ritualistes viennent se coupler aux riffs endiablés de la pièce. Encore une nouveauté par rapport à avant, et encore une fois pour le mieux remplaçant le petit creux que pouvait avoir certains composition par un rendu purement organique malgré ses sonorités et son imprévisibilité. Car par son rythme bordélique allié à sa spontanéité ce Herscher semble s’offrir à nous de suite et c’est pourtant qu’avec le temps que l’on pourra saisir sa véritable impétuosité.

   Que retenir de cet album, tout d’abord la foisonnance  de talent dans notre scène Doom Underground, mais ensuite que le groupe a réellement progressé au fil de ses sorties sans perdre son fil directeur et sans choisir la facilité. Toujours pas de guitares et espérons que Herscher garde sa ligne de conduite car pour l’instant c’est une progression parfaite et un quasi sans faute pour son premier album. Avec ses nouvelles armes, à savoir ce synthé, ce chant et des arrangements travaillés le groupe a pu créer une véritable ambiance efficace et tenace sur tout son album ce qui a parfois fait défaut autrefois. Sans compromis et sans hésitation, le groupe suit son ascension massive vers le succès qu’il semble mériter, d’un côté comment passer à côté d’une masse de bizarre comme ça ?

- Sarcastique

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samedi 28 mars 2015

PERDITION TEMPLE - The Tempter's Victorious

PERDITION TEMPLE


The Tempter's Victorious





Black/death metal
Date de sortie: 31 janvier 2015
Label: Hells Headbangers Records


Tracklist:
1. The Tempter's Victorious
2. Extinction Synagogue
3. Scythes Of Antichrist
4. Goddess In Death
5. The Doomsday Chosen
6. Chambers Of Predation
7. Diluvium Ignis
8. Devil's Blessed







La séparation d'Anglecorpse courant 2009 en a certainement laissé plus d'un désappointé. Mais c'était sans compter sur la persévérance de Gene Palubicki qui se lance aussitôt dans une nouvelle aventure baptisée Perdition Temple, simple duo formé dans le mythique berceau du death floridien Tampa. Un premier album soutenu par Osmose Productions sort dans la foulée, s'ensuit un remaniement de line-up et pas des moindres puisque Perdition Temple est désormais composé, outre Gene, de son ancien compagnon d'Angelcorpse et désormais guitariste d'Immolation Bill Taylor et d'Impurah de Black Witchery au chant. S'ajoutent à cette formation déjà bien conséquente Ron Parmer (Catalysis) au poste de cogneur et un certain Gabriel Gonzainy à la basse.
Le premier effort de cette formation remaniée sort sous la forme d'un 45 chez Hells Headbangers Records dont nous saluons au passage le roster (quelques noms piochés comme ça, Bestial Mockery, Cultes Des Ghoules, Dead Conspiracy, Impiety, Midnight etc...).

Et donc ce début d'année voit le premier long play nouvelle formule répandre ses intentions diaboliques et autant le dire tout de suite, Perdition Temple ne fait pas dans la dentelle! L'artwork, semblant tout droit sortir de L'Enfer de Dante donne déjà une idée assez précise de ce que va être cet album, une tornade de riffs brûlant et imposant leur force sans autre forme de procès. Pas de doute, le malveillant tentateur est bel et bien victorieux.
Evidemment, et Gene lui-même ne s'en cache pas, Perdition Temple reprend là où Angelcorpse s'est arrêté quelques années plus tôt. Les fans de la première heure ne seront donc pas perdus à l'écoute des assaults black/death répétés de The Tempter's Victorious, les réminiscences d'Angelcorpse étant donc bien présentes. Pour autant, le non initié risque fort de se sentir totalement perdu par autant de violence et The Tempter's Victorious pourrait lui paraître n'être qu'un amas de notes informe et brouillon. Une oreille habituée y décèlera en revanche une richesse musicale évidente aux travers de riffs frénétiques et de martèlements martiaux et conquérant.
Le performance vocale d'Impurah n'est pas en reste, de la rage dégueulée jaillissant du fin fond de ses entrailles. Intimidant, menaçant, ce dernier éructe ses textes blasphématoires comme si le Jugement Dernier sonnait déjà le glas de l'humanité ne laissant aucune chance de réchapper aux feux de l'enfer.
Certes, l'ombre d'Angelcorpse hante les sous sols de ce temple maudit mais le lien avec Morbid Angel dans une version plus rapide et chaotique est également bien présent, notamment lors des solos me rappelant directement les envolées démoniaques de Trey Azagthoth. Il m'arrive cependant sur certains riffs de ressentir quelques influences thrash, grand fan de Slayer que je suis, et de me dire que putain, ça sonne plus Slayer que leurs propres dernières réalisations. Je veux bien sûr parler ici de ces fameux riffs de guitare dissonnant et inquiétant autant qu'imparables que l'on pouvait trouver sur les albums désormais cultes du combo californien. En les accélérant encore un peu plus et en y injectant une bonne dose de crasse suintante, Perdition Temple laisse la concurrence loin derrière. Passez The Tempter's Victorious au ralenti et vous obtiendrez encore un album de death metal.

Les 8 morceaux s'enchaînent sans la moindre pause et ces 37 minutes sont assénées avec une rapidité et une bestialité implacable. Perdition Temple charcute à tout va, ça en gicle sur les murs et empile des cadavres sanguinolents dans une exécution de masse des plus brutales. A l'écoute également, nous imaginons sans peine les ignominies perpétrées dans l'Enfer de Dante déjà mentionné plus haut. The Tempter's Victorious est un album qui suinte la malveillance par tous les pores, aux dents acérées et aux griffes menaçantes. La bête, prête à bondir, est désormais prête au carnage le plus total.










jeudi 26 mars 2015

MORBID EVILS - In Hate With The Burning World





MORBID EVILS 





In Hate With The Burning World








Genre : sludge death metal
Label : Svart Records
Date : 6 Mars 2015

Tracklist : 
1. Cruel
2. Crippled
3. In Hate
4. South OF Hell
5. Pollute
6. Burning World


Tel une sombre nuée se détachant à l’horizon, apparaît la première oeuvre complète de Morbid Evils, formation nous parvenant de Finlande. Après un excellent titre démo qui avait su attirer une certaine attention, l’album entier nous est enfin dévoilé, et il est largement, voire plus, à la hauteur des espoirs qu’avait provoqués le premier titre (« In Hate »). Déversant comme promis, une noire et ésotérique atmosphère, menée à pas lents et affirmés qui mènent l’auditeur à travers une plaine désolée, de cendres et de débris, crachant hargneusement ses amers reproches à l’humanité, sur un ton rancunier, et désespéré parfois, la formation réussit avec brio le pari qu’elle avait lancé.

Une guitare d’arrière-fond pesante, faisant résonner longuement des longues et sourdes plaintes, guitare qui se reprend parfois, pour arriver à une cadence se rapprochant plus du death metal, évoquant une sinistre mélopée funèbre, presque vindicative par endroit, qui, surgissant du plus profond des Enfers, parvient aux oreilles de l’auditeur. La ligne de basse ne dénote pas d’une originalité stupéfiante, elle se contente d’arrondir et intensifier les graves de la guitare, qui y peinerait sans doute autrement. Chose très surprenante, mais pas moins agréable, est la rareté de blast beats dans l’ouvrage et autres procédés de cet acabit, qui ont souvent tendance à gâcher un bon travail dans ce genre de musique., la batterie s’arme d’une allure très lente, elle marque le rythme tel les  tambours d’une galère, d’un battement régulier, presque calme, l’espace laissé par les autres instrument est judicieusement rempli. La voix, gutturale à un point plus qu’impressionnant, profonde, et regorgeant d’aspérités, ne cesse de scander d’inlassables litanies rageuses. Elle projette de longs, sinistres et rocailleux cris, ralentissants encore le train de la formation, pour permettre à l’auditeur de mieux savourer la musique. En accord avec les changements de la guitare, elle vire cependant parfois à un hurlement fatigué, à moitié étouffé, comme si elle perdait ses derniers espoirs, balayés par la triste vérité d’un monde impitoyable.  
Avec le morceau « South Of Hell », l’allure est nettement accélérée, la guitare laissant de côté ses longues notes pour s’orienter vers des mélodies plus alambiquées, des accords joués en palm mute, la batterie plus rapide également. On reconnaît ici, en souriant de plaisir, le subtil et virtuose alliage que fait Morbid Evils avec du sludge et du death metal. 
La structure de l’album est également très bien pensée, son nom est en fait un mélange entre les deux titres « In Hate » et « Burning World », qui sont ainsi bien mis en évidence (ils sont d’ailleurs, parmi les plus réussis de l’album).
Une sévère haine, amertume et désillusion envers le genre humain est palpable dans l’ambiance de cette album (ainsi que dans les paroles et les idées du groupe), le tout couvert par un sombre et majestueux voile noir, qui laisse au tout un parfum de désespoir. Par certains aspects, la musique de cette formation me laisser penser que des groupes comme Morbid Angel ont laissés leurs discrètes empreintes, ce genre de lourde et sombre atmosphère leurs sont aisément reconnaissable.


Morbid Evils s’arme en somme d’un sludge original, judicieux par ses combinaisons avec d’autres genres, et plus particulièrement virtuose. La formation s’inspire de classiques déjà bien connus, tout en y ajoutant sa signature bien particulière, inimitable et excellente. L’ambiance qui est cultivée dans cet album est très remarquable, même dans un genre où elles ont tendance à déjà l’être, elle est ici très travaillée, censée et crédible. Voilà donc un bel ouvrage, réalisé de main de maître par cette formation, pour laquelle on souhaite un franc succès pour son travail abouti, et qu’on espère retrouver au plus vite, pour encore une fois se plonger dans les savoureuses et noires atmosphères qu’elle nous décrit.







- Pestifer 





lundi 23 mars 2015

INFESTING SWARM - Desolation Road


INFESTING SWARM




Desolation Road







Genre : post-black metal
Label : Art of Propaganda
Date : 30 Mars 2015


Intéressons nous cette fois-ci au triste parangon qu’est Infesting Swarm, nous parvenant d’Allemagne. Hurlant de douleur intrinsèque, paraît ce nouvel album, après la première du demo du groupe en 2011. Une formation prête à vous plonger dans le plus profond et insondable des gouffres de désespoir par les questions existentielles qu’elle pose et qu’elle place dans une ambiance dépressive à souhait. Le terme « Infesting Swarm » est une référence aux démons intérieurs de chacun, affamés et prêt à déchiqueter ce qu’il y a de bon en vous pour ne laisser que des ossements brisés et abjects. Le groupe se place dans la voix d’une victime poursuivie par ces sinistres et avides détracteurs, lancée dans une course effrénée mais inutile vers la porte de sortie de cet inextricable labyrinthe. Cet ouvrage est un véritable chef-d’oeuvre de complexité, musicale autant qu’existentielle par les questions posées.

Le premier titre, Dead Transmission, n’est pas richissime d’un point de vue musical pur, il n’y a qu’une discrète, presque douce mélodie jouée à la guitare, en terme de musique à proprement parler (le reste est une suite d’effets numériques) mais le sens est ici le plus important. C’est l’incipit d’un triste ouvrage qui est révélé, dont le titre et le caractère sont plus qu’explicites. Dès le second titre, sobrement intitulé « Ending », les mélodies pleines de détresse auront tôt fait de vous plonger dans une brumeuse atmosphère lourde de regrets, mélodies grandement portées par la guitare, qui utilise tantôt des accords très profonds et insistés, tel de lancinants remords, allant et venant tel une sourde et désespérée rengaine, tantôt par de tristes notes simples lentement égrenées, offrant de judicieux interludes, moments plus lents qui permettent à l’auditeur de bien savourer et ressentir les émotions déversées par cette musique. Elle se place définitivement en proue de la formation, tandis que la basse la suit, mise à part les quelques passages on en entend distinctement sa partie. La batterie régularise le tout, frappant sur ses cymbales d’un rythme inlassable, tel un inéluctable pendule, tout en plaçant judicieusement les temps fort des morceaux, à l’aide de sa grosse caisse, et de blast beats appuyants les envolées harmoniques de la guitare, lourdes de mélancolie. La voix, au coeur de la complexité et l’alliage de différents genres que fait la formation, oscille entre une voix rocailleuse et grave, typiquement death (voire doom) et un chant plus aigu, éraillé, virulent, et plus aigu, tirant vers l’amertume très reconnaissable du black metal. Une triste brume est ainsi créée, cette nuée s’éclaircissant cependant par endroits, pour laisser apparaître des émotions encore plus désespérées qu’auparavant, les titres des morceaux toujours plus de sinistres augures, pour se conclure par le titre éponyme de l’album, « Desolation Road », comme si le héros réalisait le résultat, d’avoir cédé à ses irrésistibles et intrinsèques démons, pour ne voir qu’une plaine désolée et jonchée de ruine, comme le cheminement qu’il a fait, figuré par le développement musical de l’album.
La formation illustre déjà bien sa pensée avec l’atmosphère crée par sa musique, mais j’ai été particulièrement séduit par le sens vraiment particulier donné à leurs musiques, bien moins habituel de ce type de musique et d’ambiances. En effet, quel plus grand adversaire peut avoir, que soi-même ? Une question existentielle très intéressante, pointue et originale, la formation se plaçant ensuite comme déjà dit, dans la peau d’une victime de ses propres démons intérieurs, plongée dans des abysses de désespoir, face à une lutte qui semble perdue d’avance. 


En somme, Infesting Swarm allie avec brio lancinante mélancolie et venimeux regrets, un très bel et réussi mélange de plusieurs genres pour aboutir à une oeuvre complète, virtuose et singulière, bien plus intéressante que les clichés musicaux usés et re-usés du black metal. Serait-ce une nouvelle branche se dessinant à l’horizon ? On l’espère vigoureusement, vu le résultat déjà présent sous nos yeux et surtout que cette formation en particulier, d’une virtuosité telle, et fournissant une telle quantité et qualité de travail, saura se faire remarquer, conquérir la notoriété qui lui est due, et qu’elle continuera dans le sens qu’elle a pris avec ce premier album complet...







- Pestifer 






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vendredi 20 mars 2015

Gloson - Yearwalker




GOLSON


- Yearwalker





Genre : sludge/doom metal
Label : Art of Propaganda/ Catatonic State
Date : 2014/23 avril 21015 (nouvelle édition)

Tracklist : 
1. Årsgång
2. Sirens
3. The End/Aftermath
4. The Afterath/Beginning

Encore un fois tourné vers l’expérimental, je parlerais dans cette chronique du groupe de sludge/ metal, dénommé Gloson, et à son album datant de l’année dernière, Yearwalker (et qui sera réédité prochainement). Un sanglier menaçant vous dévisage depuis la jacquet de l’album, ses yeux, au nombre de 3, rougeoyants, arborant des défenses hypertrophiées, dentelées comme des lames, et maculées de sang. Une image énigmatique, figurant la force de la nature, puissante et omnisciente, peut être aussi un signe à l'homme, de ne pas oublier la sienne, qui pourrait cruellement lui être rappelée. Percevrais-je ici un zeste de rancoeur, à l’égard de notre société actuelle ?

La guitare principale est très grave, sa progression est marquée de pas lourds et affirmés, sa sonorité améliorée et enrichie par la ligne de basse. Ces deux instruments réalisent à eux deux une magnifique et profonde mélopée funèbre, sur laquelle brodera la voix principale. La seconde guitare s’élance, comparé à la première, parmi les airs et les nuages, elle se taille un caractère presque céleste, de par son registr, et interprète la plupart des interludes. Elle est un point de repère aux graves, tout en gardant un rôle plutôt mineur, elle est toujours présente tout en restant en arrière-plan. Je dois cependant parler de ses soudaines envolées harmoniques, bouleversantes de mélancolie et de triste beauté, qui  affirme sa présence (comme dans le morceau Sirens par exemple). La voix quand à elle créé, sur une musique déjà sinistre, une ambiance maladive, pleine de détresse hargneuse, d’un ton guttural, rocailleux, et profond, proférant de sinistres malédictions, mais sans toutefois être brutale. La batterie accompagne et étaye le tout, à noter cependant l’originalité de ses cymbales, elle donne au fond une matière, d’un bruit métallique, presque cristallin. Du tout transpire un air mélancolique et résigné, très profond, plongeant l’auditeur dans l’oeil d’un cyclone de tristesse, alors que des embruns de regrets lui fouettent le visage, et que des bourrasques apportent les effluves d’une nostalgie d’une nature perdue, malencontreusement oubliée. Des idées très typiques du sludge et du doom, Gloson se place en virtuose dans un territoire, qu'on pourrait traiter de déjà conquis, mais l'ambiance peut s'apparenter à du post metal aussi, avec des côtés sales, maladifs, la formation créé ainsi son propre monde, et ne fais pas que reprendre des canons déjà utilisés de nombreuses fois. 

Une intéressante pause est proposée avec le 3ème titre du morceau, The End/Aftermath, bien plus calme que les autres, les instruments s’effaçants, et la voix passant de son état précédent à un total autre style. Celle-ci se mue pour devenir claire, bien plus humaine, et plus fragile, instable, et pathétique qu’auparavant. Gloson conclut cependant son album avec un titre se rapprochant des deux premiers. Même si le tempo reste apaisé, les instruments reprennent du poil de la bête, la guitare mélodique s’impose plus que jamais tandis l’autre, du registre grave, à tendance à lui laisser place.  

Une oeuvre très intéressante en somme, une construction originale, le format intro/riff principal/bridge/solo/riff/fin vole en éclat ici, à rajouter au côté d’un panel harmonique saturé, tous les registres sont occupés, en gros du moins, pour finir par la virtuosité des musiciens, qu’il se doit de reconnaître. L’ambiance présentée dans cet album est également un bon point, elle est très agréable, voire vraiment impressionnante. Le seul bémol que je donnerais est la durée de la l’album, celui-ci bien trop court pour que le groupe dévoile vraiment tout ce dont il pourrait être capable. Il est contraint à compresser un contenu en une trentaine de minutes, alors qu’un format s’approchant d’une heure ne m’aurait pas dérangé, au contraire même, il aurait permis à Gloson d’exprimer une musique intéressante de façon longue, concise et complète, que d’abréger le tout et de s’arrêter de creuser le filon après quelques mètres seulement. 



- Pestifer










jeudi 19 mars 2015

HETROERTZEN - Ain Soph Aur

HETROERTZEN


Ain Soph Aur





Black metal
Date de sortie: 15 décembre 2014
Label: Lamech Records



Tracklist:
1. Dealing With The Veil
2. Blood Royale
3. The Lifting Of The Veil
4. Endless Light
5. Carrying The Forbidden Flame
6. Spirit Eater
7. Procession Of The Silver Fire
8. Enter The Unknown
9. Of Tomb And Thirst
10. The Luminous One
11. The Rose And The Cross
12. Piercing The Veil







On parle souvent de la Norvège comme étant le berceau du black metal. Il est évidemment clair que la scène locale des 80's est celle qui a marqué les esprits mais ne serait-ce pas oublier quelques précurseurs? Euronymous lui-même ne cachait pas son admiration pour les brésiliens de Sarcófago. Il se passait déjà quelque chose en Amérique du Sud comme en attestent d'autres noms comme celui de Holocausto ou Anal Vomit qui aujourd'hui encore sont considérés comme cultes. Et la relève... Je ne l'ai jamais vraiment trouvé passionnante. J'ai toujours eu du mal à y trouver mon bonheur malgré la multitude de sorties venant de là-bas. Très (trop) souvent inscrit dans une mouvance old school, ces productions sont au mieux un divertissement sympa mais sans plus. Les groupes précités innovaient à l'époque mais maintenant? Il semblerait que l'Amérique latine reste ancrée dans le passé, sans parvenir à se défaire totalement de ses anciennes gloires. Nous pouvons bien citer les Colombiens d'Inquisition ou les Chiliens d'Unaussprechlichen Kulten mais là encore, ce n'est pas leur originalité qui frappe (ce qui n'enlève absolument rien à leurs qualités respectives). Puis vient Hetroertzen, originaire du Chili également bien qu'expatrié en Suède depuis peu. 5 albums, ce n'est pas rien et c'est seulement avec ce Ain Soph Aur que je découvre cette formation, album qui semble faire le pont entre le black à l'ancienne et certaines productions plus récentes à la scandinave.  

Les balbutiements du black metal se font entendre par des riffs de guitares froids et incisifs, déflagrations dissonantes et tourbillonnantes faites de tremolos et sons distordus ne laissant que peu de place à la mélodie et cherchant au contraire à installer une atmosphère funeste et parfois oppressante. Parsemé de riffs franchement old school, certains morceaux résonnent comme un appel virulent au retour aux sources nous remémorant ces années sauvages. Quelques relents punk se font même sentir à plusieurs moments contrastant avec le reste résolument plus sombre, malsain et destructif. Pour finir, divers interludes ambient alimentent encore cet effet anxyogène, les sons fantomatiques perçant la sinistre toile où de lancinantes et sépulcrales guitares installent sur de lentes progressions une opacité brumeuse dans laquelle il semble aisé autant que dangereux de s'égarer. 

Il apparaît donc clair que Hetroertzen a mis l'accent sur son concept ésotérique tant musicalement que textuellement. Car il s'agit bien d'un concept album, inspiré de la Kabbale et plus particulièrement de l'Arbre de Vie, divisé en quatre sections par trois voiles horizontaux que l'initié devra franchir dans sa quête spirituelle. Ain Soph Aur désigne le quatrième voile, celui séparant l'Arbre de vie du non créé primordial, celui qui le franchit atteint Dieu mais perd son existence (c'est pourquoi il est écrit que nul ne peut voir Dieu et vivre).
Et c'est de là que cet album puise sa force et son originalité. La lumière divine est ici pervertie dans un cantique des plus blasphématoires pour devenir un brasier conquérant. L'ésotérisme incandescent se traduit par un chant variant les techniques. Une grandeur majestueuse et venimeuse anime cette messe noire lorsque le vocaliste déverse ses vers en latin d'une voix puissante mettant en évidence la spiritualité malsaine de ce concept album par un chant monastique et très solennel. Au contraire, la crasse, le sang et la douleur transparaissent pleinement lorsque des hurlements terrifiants déchirent l'horizon glacé d'où est sorti cet abre non plus de vie mais de mort aux racines tentaculaires vous enserrant jusqu'à l'étouffement et à la sève empoisonnée. 

Ain Soph Aur est ainsi un album qu'il convient d'écouter avec la plus grande attention. Beaucoup plus riche qu'il n'y paraît, celui-ci pourrait bien être l'album de la consécration pour les magiciens Luciferiens de Hetroertzen, leur déménagement en Suède pouvant en effet leur ouvrir bien grandes les portes de l'Europe.












mercredi 18 mars 2015

SORDIDE - La France a peur



SORDIDE 

La France a peur






Genre : Experimental Black Metal
Label : avantgarde Music
Date : 2014

Morceaux : 
1. Ni nom ni drapeau 

2. Blâme
3. Gloire 
4. L’innocence 
5. La France a Peur 
6. Pauvre Histoire 
7. Violence 


Sortant des gorges écorchées des sombres enfants d’un Rouen tortueux, on commence par examiner, sous les yeux menaçants d’un inquiétant galinacé, la jacquette de l’album dénommé « la France a peur », titre déjà croustillant promettant une écoute singulière, dans un domaine qui, malheureusement, a tendance à de régurgiter régulièrement la même bouillie prémâchée.
Un nouveau bébé dans ce vaste et passionnant monde, datant de l’année dernière, qui s’est fait malheureusement quelques peu dénigrer à sa sortie, voire incendier au cours des derniers mois et incidents politiques, montré du doigt comme ultra-patriotique, voire l’opposé total, comme séparatiste mal opportun. Ce genre de remarques sont négligeables quand c’est de la part des gros journaux télévisés à scandales, plus blessants et hargneux lorsque que c’est de celle de quotidiens sérieux, et plus versés dans ce domaine-là. Ce genre d’arguments-là sur le dos, il arrive à beaucoup d’oublier d’apprécier la virtuosité des 3 musiciens, étouffée, qui sont alors traités de vulgaires imbéciles copiant les classiques du Black Metal scandinaves, là où je n’ai senti seulement quelques effluves des débuts de groupes comme Mayhem, mais cela reste le relent d’une époque passée, rien de plus. Ce groupe s’appuie sur ses classiques, tout en mettant à découvert son propre monde. 

En commençant par ce qui m’a le plus frappé dans cette album, je parlerais de la basse, assurée par Nekurat, judicieuse dans ses sonorités et sa présence. Presque omniprésente, autant par son caractère que du remixing de l’album, elle soutient d’un zèle infatigable un rythme continu, elle fournit le rapide fleuve noir sur lequel va naviguer une voix torturée et une batterie marquant le rythme des rames de cette sinistre nef. C’est cette image qui s’impose à mon esprit à l’écoute de cette oeuvre, une sombre embarcation, celle de Charon peut être, portée et assemblée par les différents éléments de cette formation. Une basse donc, qui de ses sursauts harmoniques, tel le ressac, fait osciller volontairement la structure entière, et qui porte tout le poids de la guitare de Nehluj. Celle-ci souffle sur cette embarcation, tel un zéphyr démoniaque, ses accords stridents et dénaturés, qui exploitent au maximum le panel harmonique d’un tel instrument. Pas d’originalité éclatante en soi pour la batterie de Nemri, assez classique en somme, mais non pas mauvaise, à remarquer cependant ses judicieux battements allants et venants, qui fait avancer la formation au milieu de cette mer noirâtre, la menant à bon port, même si aucune réelle innovation n’est faite en cette partie. L’album a une cadence qui ne laisse pas grand-chose derrière soi, mais les tempos se calment parfois, laissant les blast beats disparaîtrent, jusqu’à parfois voir toute la chanson s’apaiser au point de différer en grand partie des moments plus rapides, se veinant de regrets et de désespoir plus que de rage. Enfin la voix principale de la formation, qui vaut déjà le groupe à elle seule pour moi. Pas de growl guttural, ni de scream ultra-violent et répercutant, mais une voix caverneuse, rauque, voire éraillée, faisant volontairement (à mon humble avis) mine d’être fatiguée, voire désespérée. Les paroles sont souvent audibles et faciles à comprendre, la formation s’appuie donc beaucoup sur la richesse de ses textes.
Et on arrive au point de jonction entre la musicalité de la formation, et ses objectifs intellectuels, le message qui veut être véhiculé. C’est déjà un risque pour une groupe de cette branche là, d’exploiter sa nationalité, l’ambiguité souvent présente dans ce genre à tendance, à être déjà un pas sur la corde du funambule. Et puis comment exploiter ses racines culturelles ici, moins évident de trouver matière à ce sujet en France qu’en Norvège, Finlande ou d’autres pays dont la géographie semble parfois avoir été conçue pour inspirer ce type de musique. Le groupe atteint cependant son objectif en plein dans le mille, j’avoue avoir été circonspect lorsque l’on m’a parlé d’un groupe de Black Metal dont l’artwork de l’album est un coq. Mais tout est censé, et judicieux, le simple volatile devient une allégorie de la France, détournée pour convenir au regard du groupe, c’est-à-dire non pas celle de la tour Eiffel, des baguettes, du vin rouge, et autres clichés, mais du vice, de gloire salie, d’une histoire tortueuse, pleine des relents d’une amertume vieille de plusieurs siècles, de brusques et souvent futiles effusions de sang et d’idées, entrecoupées de période de croupissements intellectuels, presque régressifs par certains moments, ces tristes scènes dépeintes hargneusement au long des 7 savoureux titres de cet album.

Tout ces éléments, personnellement me font penser à l’image que je vous ait décrit, d’une sombre nef portée par la musique de Sordide, et qui, plus en général laisse transpirer une atmosphère très noire, ésotérique et singulière, s’armant d’un Black Metal très authentique, tout en donnant les clés d’un monde unique et original. Cet album a, comme je l’ai déjà dit, eu certains problèmes et accrocs dans la progression de sa notoriété, en particulier avec le titre « Ni nom Ni drapeau ». Le groupe soutient régulièrement par des messages publics, que Sordide n’est en aucun cas ultra-patriotique, ou son opposé, la traduction directe des paroles de leurs chansons est d’ailleurs sans appel, ils ne se placent ni d’un bord ni de l’autre, cette formation s’est simplement basée sur ses racines culturelles, et donnant son avis de manière plus ou moins explicite, mais elle ne s’est placée dans un de ces bords-là. Toutes ces rumeurs sont définitivement infondées, et on espère que Sordide n’en prend pas un trop grand coup, que cela ne les empêchera pas d’ouvrir encore une fois la porte de l’univers fascinant qu’ils ont commencés à construire, pour un prochain album…






- Pestifer