jeudi 28 janvier 2016

LE GÉNITEUR - Les Pantins du Pêché




LE GÉNITEUR


- Les Pantins du Pêché






Genre : Death/Thrash Metal
Label : Indépendant
Date : 4 janvier 2016






Tracklist : 
1. Préliminaires
2. Pandemonium
3. Mirage suicidaire
4. Les Pantins du Pêché
5. Extremum


Une fois n’est pas coutume, tournons-nous vers la France de l’ouest (vous décèlerez l’ironie) et ses villes balayées par les vents marins, où la scène rennaise, et bretonne en général, est décidément bénie par je ne sais quelle noire entité de la musique, mais foisonne en tout cas de groupes de toutes sortes, de musiciens pour toutes les sous-branches et tout les goûts, du black DSBM au death rugueux passant par le black thrash au vitriol, jusqu’à certains niveaux et âges insoupçonnés, ville où germent les pousses virtuoses et maléfiques de formations en devenir ou déjà sur scène, défendant chaque pouce de leur terrain, et surtout de leur talent, avec une audace et une modestie bien particulière à cette région, semblerait-il. Bref, arrêtons de tergiverser, et rentrons dans le vif du sujet, qu’il est d’ailleurs, entaillé à vif, suppurant, sanguinolent, et terriblement prenant.
C’est ainsi, avec un regard  que j’assiste depuis un petit bout de temps à la progression la plus sûre et simple que j’ai pu voir pour un groupe. Le Géniteur vous met la raclée, tout simplement, du haut de leur (à peine, ces gars-là n’ont pas loupé la case puberté, c’est moi qui vous le dit) majorité tapante, de leur sourires humbles, et de leur talentueuses ressources, si surprenantes soit-elle, bien réelles. Au gré de riffs de guitares furieux, dégoulinants de hargne et de brutalité, d’une distortion à dégourdir un paresseux aphasique et de tritons d’une singulière répartition dans leurs compos, mais non moins agréable et originale, nos musiciens voyagent et leur auditeurs avec, passant d’un thrash qui tache, péremptoire et galopant comme on l’aime, à du death lourdaud et monolithique, en passant par des solos poignants de guitares, parfois pas très éloignés des gammes van-haliennes (s’il l’on me promet ce barbarisme), mais aussi des mélodies plus calmes, habillant la plupart des morceaux d’ambiances grandioses, abyssales et surtout savamment échafaudées, entre une prod honnête mais judicieuse et de très efficaces harmonies construites en contrepoint, mon pêché mignon, d‘une rampant dans les ténèbres de gouffres sans fins et mystérieux, tandis que l’autre égrènent ses arpèges doucereux et sinistres dans des aigus sifflants. Tout cela serait cependant bien muet en taciturne sans la voix qui, aux premiers essais du groupe, restait pourtant assez en-dessous du niveau technique général des autres musiciens - à mon avis - s’est prodigieusement améliorée, autant en termes de performance vocale pure et simple, que dans sa capacité à pouvoir exprimer certains sentiments peut être simplement mais assez bien et sincèrement pour vous prendre aux tripes, là où ça bastonne et vibre quand les émotions s’y chamboulent, qu’on ne cesse de discourir sur des éviscérations d’individus particulièrement antipathiques ou détestables, de sacrifier des victimes éplorées à la gloire d’infâmes et obscures puissances, où d’évoquer l’introspection profonde et mélancolique d’un « Mirage suicidaire », pour reprendre le titre du troisième morceau de l’EP, tout est en place et ça tient sacrément bien le coup. Et croyez-moi, ce chanteur-là, si néophyte et méprisé puisse t-il être par des grands pontes qui aiment à se pavaner parmi les formations en vogues, y parviendra mieux que certains « professionnels » (ce n’est pas que le membres soit dépourvu de professionnalisme, loin de là), là où plus d’un qui verse dans le surfait, et perd ainsi en crédibilité, à expliciter et développer ces éléments-là. Seule la batterie (sans la descendre pour autant) peut laisser à désirer : à mon goût pas assez battante et furieuse, une bonne double pédale ronronnante et quelques cymbales au glacis blasphématoires ne m’aurait pas déplu, et aurait ajouté une certaine énergie, certes déjà plus ou moins présente, en l’approfondissant d’autant plus. Quoiqu’elle excelle dans la conclusions de ses rythmiques, et en soutènement des mélodies plus apaisées…

Ainsi, en brassant un flot puissant et pléthorique d’influences, la formation, en plus d’un éclectisme pertinent dans un milieu qui par trop de conservateurisme à souvent tendance à stagner à mon plus grand regret, Le Géniteur offre une patte et une virtuosité jusqu’alors rare, et d’autant plus surprenante et agréable puisqu’elle vient des galopins pas si assez âgés que ça, ayant l’honneur d’en connaître d’un peu plus près l’un d’entre eux, des galopins qui se débrouillent quand même suffisamment bien pour donner une leçon musicale à plus d’un, même si l'album contient certaines imperfections (c'est un premier EP après tout !), un très certain potentiel est plus que démontré au long de cet EP. Force est de constater que persévérance est mère de progrès et de résultats, moi-même ayant tenté plusieurs fois de former un groupe et d’essayer tant bien mal de mettre des combos debout, chacune de ces tentatives ayant été soldées d’échec plus ou moins cuisant, ce genre de réussite de la part de musiciens partis d’à peu près rien, est réconfortante en plus d’incarner un exemple digne de ce nom, un exemple plus qu'engageant pour la prochaine génération à grimper sur les planches renommée de la scène française…





- Pestifer 

dimanche 24 janvier 2016

PLUTONIUM - Born Again Misanthrope

PLUTONIUM




Born Again Misanthrope







Industrial Black metal
Date de sortie: 11 janvier 2016
Label: Indépendant



Tracklist:
1. Born Again Misanthrope
2. Cortex Vortex
3. The Inverted Panopticon Experience
4. Casque Strength
5. The Masque Of The Green Demon
6. Renuntiationem
7. Electric Barbwire Crown Of Thorns
8. Alice In Plutoniumland (Two Minute Hate Part III)
9. Confessions Of A Suicidal Cryptologist




Très dense, radioactif et toxique sont les principales caractéristiques du plutonium. Rien d'étonnant donc à ce qu'il serve aussi de patronyme à une formation de black metal. Black industriel qui plus est, un style dont on parle finalement assez peu et qui est pourtant lui-même très varié. L'ajout de musique électronique peut être un véritable atout lorsqu'il est parfaitement maîtrisé et si je n'en écoute moi-même pas énormément, des formations telles que The Kovenant, Samael, Borgne ou Diablerie m'ont depuis bien longtemps convaincu que ce genre de métissage a parfois du bon. Ces groupes ont souvent un son unique, véhiculent des ambiances futuristes, enivrantes, étourdissantes et particulièrement malsaines à leur manière qu'on ne retrouve pas ailleurs, décuplant les effets mêmes du black metal, en repoussant les limites. 

Mais revenons à nos moutons. Formé il y a maintenant 13 ans et nous venant de Suède, évoluant depuis la sortie de son 1er album en 2007 sous la forme d'un one-man band permettant à sa tête pensante MR J de garder un contrôle total sur sa vision personnelle de la musique, Plutonium sort de manière totalement indépendante en ce début d'année son 3eme album intitulé Born Again Misanthrope, accompagné d'une pochette très shakespearienne. Constitué de 9 morceaux, cet album s'inscrit directement dans une mouvance black metal scandinave, comprendre de haute volée, froid et agressif. C'est donc la guitare qui prend la plus grande place avec ses rafales de riffs directs et assez traditionnels. Globalement, le fan lambda de black metal ne sera pas dépaysé et y trouvera largement son compte, se remémorera longtemps les lignes de guitare celles-ci rentrant facilement dans le crâne sans jamais vouloir en déloger, notamment sur les deux premiers morceaux ou "Casque Strength" et son riff si simple et tellement imparable que c'en serait presque de l'indécence. Mais MR J dévoile aussi quelques trouvailles mélodiques parfois surprenantes comme sur l'étrange balade funeste "The Masque Of The Green Demon" ou "Electric Barbwire Crown Of Thorns" ou emmène sa musique dans des directions très différentes. Il suffit d'écouter "The Inverted Panopticon Experience" et sa lente progression dissonante, aux portes d'un doom glauque et suintant la crasse ou encore le calme et mélancolique "Renuntiationem" faisant office de pause apaisante pour s'en convaincre. Born Again Misanthrope est donc un album particulièrement varié en dépit de son approche plutôt conventionnelle et chacun des ces interludes explorant de nouvelles contrées offre à MR J l'occasion de mieux repartir sur un black metal incisif et percutant. La dernière partie de l'album illustre d'ailleurs parfaitement cette dualité "Alice In Plutoniumland (Two Minute Hate Part III)" servant d'intro ambient et spatiale en mode rencontre du 3eme type sur Pluton à la viscérale conclusion de l'album, elle-même entrecoupée d'un sample anxiogène qu'on croirait tout droit sorti d'une OST hollywoodienne façon Interstellar. Sachant qu'en plus de son vécu et de ses expériences personnelles, MR J s'inspire aussi de romans dystopiques comme "Le Meilleur des Mondes", il n'est pas incongru de penser que le bonhomme ajoute volontairement ce types d'effets SF dans sa musique.
Puisqu'on en est là, je n'ai encore pas vraiment parlé de la partie industrielle. Souvent en retrait si ce n'est la boite à rythme, elle n'en est pas moins une des composantes principales de cet album, tapie dans l'ombre pour ne se mettre qu'en avant aux moments opportuns. L'électronique gère l'album en chef d'orchestre discret, construisant les morceaux de loin et ne s'affirmant qu'en de rares occasions, pour casser l'ambiance et relancer les élans black mais toujours placée idéalement, tissant patiemment sa toile afin de se jeter sur la proie qui n'aura pas pris garde au danger pourtant imminent. 
Born Again Misanthrope n'est donc pas ce que j'appellerais un album foncièrement indus, clairement plus ancré dans son approche black metal mais ces samples, la boite à rythme apportant une touche martiale et l'ambiance générale qui s'en dégage donnent indéniablement à ce 3eme effort de Plutonium une saveur particulière, froide et clinique, que l'on aime à retrouver dans ce type de production. 

Un voyage en terrain connu mais qui parvient néanmoins à jouer sur l'étrange et l'inattendu, jouissif dans ses aspects les plus traditionnels mais déstabilisant dans ses propriétés intrinsèques. Une oeuvre vraiment personnelle comme affirmé dans la description accompagnant cette promo, en d'autres termes, sincère et c'est bien là le plus important. Et un grand merci pour le CD, j'insiste car cela fait grandement plaisir et n'était clairement pas une obligation. D'ailleurs, sortie indépendante oblige, j'encourage les gens réceptifs à cet album à s'en procurer une copie rapidement puisque très limitée en nombre et présentée dans un digipack 3 volets. Sinon, il est en écoute libre sur différents supports dont vous trouverez les liens ci dessous.


Bandcamp
Facebook
Soundcloud
Twitter
Reverbnation






vendredi 22 janvier 2016

COMMON GRAVE - Dust of my Existence



COMMON GRAVE


Dust of my Existence






Genre : Doomed Black Metal
Label : Eerie Art Records // Vacula Productions
Date de sortie : 13 Décembre 2015







Je l'avoue, l'Italie est rarement le coin dans lequel je cherche mon Black Metal et j'ai pas mal de lacunes en ce qui concerne sa scène. Pourtant quand je fouine un peu dans ce qui s'y trouve, je tombe sur de très bonnes formations comme Common Grave que voici. Le quintet offre son second album d'un Black Metal mélancolique prenant, faisant suite à « Il male di vivere », déjà réussi. Sept ans plus tard, la formation sort une nouvelle œuvre plus aboutie, plus recherchée que la précédente. Pas forcément meilleure, mais plus personnelle, plus intime, Common Grave à su se démarquer un peu de la masse dont il est issu.

Ce que le groupe perd en mélodie avec cet album, il le gagne en noirceur et en cohérence. La où le premier offrait beaucoup voire trop de choses, « Dust of my Existence » est plus concentré et opaque. De là découle une continuité des pièces tout au long de l'album, permettant un voyage introspectif d'une quarantaine de minutes sans que l'ambiance instaurée dans les premiers instants ne soient altérée. Tout en réalisant cela, Common Grave arrive à proposer de nombreuses choses qui s'imbriquent à la perfection. De la sombre litanie Black Metal, du break doomie et le tout saupoudré des classiques guitares acoustiques, sur le papier, rien de neuf sous le soleil. La structure de cet album est connue mais contient des surprises. Common Grave nous pond quelques éclairs de talent qui peuvent sembler anodins mais qui viennent apporter un réel plus à l'immersion et à la seconde écoute de l'album. Je pense tout d'abord aux sous-mélodies de guitares qui se cachent bien souvent derrière la principale, plus aériennes et pleines de beauté elles viendront souffler la nostalgie à l'oreille de celui qui voudra bien les entendre. Si toute la composition de « Dust of my Existence » est de qualité, c'est réellement de ces secondes mélodies que l'album tire sa force. De manière plus générale, Common Grave claque dès l'intro une ambiance torturée par le vide intérieur, l'insignifiance du monde, de la vie, ce qui se ressent à travers toute la nostalgie dégagée par les différents morceaux. Si l'on n'échappe pas aux classiques guitares claires très stéréotypées, elles sont de bien meilleures factures que d'habitude et porteront l'auditeur dans les amères rêveries et remords qui lui sont propres (« A Cold Goodbye » en tête). L'influence Doom de la formation apporte beaucoup à ce ressenti, par ses breaks lents, ses chutes de tempo permettant d'intérioriser au moins pour quarante minutes la futilité et la monotonie de l'existence humaine. Cette facette a pris plus d'ampleur par rapport au premier album, ce qui le rend, je pense, plus complet. Couplé à cela, on a un chant très sourd et bas, parfois pas sans rappeler ce qu'on peut entendre dans le Funeral. Si on peut reprocher aux vocals de manquer de variations par instant, on évite de ce fait les piaillements étranglés et ratés que l'on peut retrouver dans des formations médiocres s'essayant à l'exercice. Cependant, il faut bien reconnaître que la voix rauque de XXVII finira de plaquer sur la musique la mélancolie monotone que dégage «Dust of my Existence». Si la basse et la batterie remplisse leur part de boulot, quelque part il me manque ces petites envolées de basse d'arrière plan alors que la musique s'y prête parfaitement à mon sens. Efficaces certes mais un peu de deçà du reste. 
Totalement homogène et porté par une excellente production, ce nouvel album de Common Grave rempli sa tâche. Toutes les mélodies sont évocatrices, mélancoliques et rien ne vient briser l'atmosphère posée. Semblant alterner entre les regrets nostalgiques et la fatalité de vivre, portés respectivement par les aspects Black et Doom de la musique, « Dust of my Existence » ni ne s’essouffle ni n'en fait des caisses en évitant de tomber dans une souffrance surjouée. Intime, introspectif mais à la fois puissant, le contenu portera vos soirées déprimes des samedis solitaires à la perfection. 

Vous renvoyant en pleine face votre futilité et absurdité, Common Grave propose un album avec un rythme maîtrisé, un rendu très organique et intimiste pour prendre aux tripes de son auditeur. Meilleur, peut-être, mais surtout plus complet que le précédent, les italiens semblent avoir, en sept ans, acquit de nouvelles influences qui sont venues rendre l'album bien plus sombre qu'autrefois. Vraiment réussi et marquant une évolution dans sa musique, Common Grave assure le doublé avec « Dust of my Existence », mais non sans se renouveler et proposer un Black Metal émotionnellement fort, puissant et intime pour tous les taciturnes.  

- Sarcastique

mardi 19 janvier 2016

WRATHRONE - Born Beneath

WRATHRONE


Born Beneath





Death metal old school
Date de sortie: 22 janvier 2016
Label: Inverse Records



Tracklist:
1. Born Beneath
2. Age Of Decadence
3. Eternal Salvation
4. Failing Flesh, Enduring Spirit
5. Blunt Blade Birth
6. Dead End
7. Sea Of Sickness
8. Carnal Lust







Rien qu’un coup d’œil à leurs photos promotionnelles et on comprend vite que ces gars-là ne sont pas là pour plaisanter. Tronches de deux pieds de long et outils de jardinages faisant office d’armes de guerre ou d’instruments de torture, allez savoir, et qui n'ont en tout cas probablement pas servi qu'à inhumer le truc mort (ou pas mais vraisemblablement mal en point) planqué dans le sac de jute, le ton est donné assez précisément! 

Faisant suite à un EP qui aura permis à ce groupe originaire de Finlande, Laitila plus exactement, de fouler les planches d’abord à domicile puis de s’exporter en Allemagne, Born Beneath débute une nouvelle année en fanfare et pleine d'ambitions pour Wrathrone, désireux de retourner au plus vite sur scène défendre le petit dernier. Tout ça pour dire qu’on risque d’en prendre plein la gueule pendant cette petite demi-heure de death metal oscillant entre old-school et brutalité pure. 
D’ailleurs, l’album lui-même commence très fort. À quoi bon s’embarrasser d’une introduction quand on peut tout faire péter dès la première seconde? C’est que si Wrathrone ne perd pas son temps en technique ou effets superflus, il a quand même des choses à dire et préfère pour cela miser sur l’efficacité. Les 8 morceaux composant Born Beneath ne sont certes pas les plus complexes qui soient mais ont en tout cas le mérite d’aller à l’essentiel, d’être suffisamment variés et bien construits pour maintenir l’intérêt et surtout d’avoir un beau potentiel de cassage de nuques. En même temps, tout ce qu’on aime retrouver dans un bon album de death est là, du gros riff qui tâche aux accélérations véhémentes, du jeu de batterie varié et précis à la basse en avant qui claque bien en passant par la voix gutturale à souhait qui enchaîne les growls surpuissants et les backing vocals plus criards sur quelques interventions.  Sans jamais trop en faire, Wrathrone compile ici 8 morceaux où chaque instrument est mis en valeur et où la relative simplicité n'est en tout cas jamais simpliste. A l'heure où les groupes débutants se sentent obligés d'en rajouter jusqu'à plus soif pour se faire remarquer, nous ne pourrons que saluer ce retour aux sources, d'autant plus quand il est maîtrisé.
Les morceaux, eux, varient du brutal morceau éponyme au plus mélodique et groovy “Age Of Decadence”, “Dead End” et sa petite touche rock imparable chauffe vite les esprits, “Sea Of Emptiness” ajoute lourdeur en réduisant le tempo et en laissant une belle place à la basse… On pourrait presque tous les passer en revue. On retiendra au final que Born Beneath a de quoi vous faire passer 30 minutes bien agréables sans trop vous prendre la tête et ça, déjà, c'est pas rien.

Loin de réinventer la roue, Born Beneath prouve néanmoins qu'il est encore possible de pondre un album d’une efficacité redoutable en 2016 sans abuser d'artifices. Droit au but pourrait être leur devise et dites-vous bien qu’en concert, Wrathrone est probablement une véritable machine de guerre. Tenez vous prêts, nos Finlandais ont bien l'intention de traverser de nouvelles frontières pour y faire parler la poudre!



Bandcamp
Facebook
Twitter
Reverbnation
Blogspot

Inverse Records Facebook
Inverse Records Website



vendredi 15 janvier 2016

ABYSMAL GRIEF - Strange Rites Of Evil

ABYSMAL GRIEF



Strange Rites Of Evil






Occult Doom
Date de sortie: 2 novembre 2015
Label: Terror From Hell Records (CD) / Horror Records (LP)


Tracklist:
1. Nomen Omen
2. Strange Rites Of Evil
3. Cemetery
4. Child Of Darkness
5. Radix Malorum
6. Dressed In Black Cloaks






1996, je ne suis qu'un gamin plus occupé à taper dans un ballon qu'à m'intéresser à la musique même si je découvre tout juste le metal sous l'influence de quelques ainés, mes héros d'alors se comptent dur les doigts des 2 mains. Et c'est cette même année que, depuis la ville de Gênes, Italie, débute dans l'ombre une longue série de cérémonials macabres qui continuent aujourd'hui à hanter les esprits, menés par Abysmal Grief. 20 ans au service d'un doom occulte dans un style assez unique en son genre que je ne découvre, et c'est bien dommage, que maintenant malgré une discographie assez fournie. Parce que mieux vaut tard que jamais, Strange Rites Of Evil, le 4ème LP sera la révélation. Le diable soit loué, sa mauvaise parole m'est enfin parvenue!

A la vue de la pochette de cet album, j'étais loin de m'imaginer ce que j'allais découvrir. Elle m'évoquait plutôt un black metal assez thrashy dans la veine d'un Bewitched ou d'un Midnight, le genre qui arrache et blasphémateur au possible. L'introduction à l'orgue d'église et les choeurs religieux qui ouvrent l'album sur "Nomen Omen" auraient certes pu confirmer cette première idée mais le morceau continue finalement sur un tempo assez lent, l'orgue toujours très présent et nous plonge instantanément dans une ambiance glauque, la même que l'on peut retrouver dans ces vieux films de la Hammer. Car Abysmal Grief, développant son doom de façon très théâtrale mise à fond sur le côté vintage et gothique. L'écoute de cet album dans des conditions idéales donnera plus l'impression d'être perdu dans le château de Dracula ou d'être pourchassé par une entité malfaisante sortie de l'esprit de Dario Argento. Il est donc plutôt logique que l'instrument qui se taille la part du lion est cet orgue, toujours présent, amenant une atmosphère étrange et ésotérique et chaque morceau est l'expression musicale d'une procession funéraire dérangeante, malsaine mais qu'on ne peut quitter des yeux. Les italiens ont vraiment un style qui leur est propre, éloigné de ce que j'entend habituellement dans le genre et il est évident que l'orgue en fil rouge n'y est pas étranger. C'est clairement lui qui pose les bases de cet album, qui amène les variations et lui donne ce son si particulier. L'ajout de clavier vient parfois renforcer cet aspect grandiloquent et apporte de la profondeur tandis que la guitare, plutôt effacée ne semble là que pour appuyer plus lourdement le rythme.  C'est en tout cas ce que l'on pourrait croire, envoûtés que nous sommes par les envolées d'orgue mais dès qu'on y prête un peu plus attention, on se rend rapidement compte que les riffs monolithiques sont tout autant hypnotiques et si les structures paraissent assez simples et répétitives, cela ne fait que renforcer leur emprise. Fort heureusement, la guitare ne se limite pas à ça et parvient à surprendre, là avec un solo démoniaque, ici avec un riff bien plus couillu. Puis au fil des écoutes, on se concentre sur la section rythmique, une basse qui groove et plus lourde encore, une batterie plus complexe qu'on l'imaginait... Strange Rites Of Evil est instrumentalement parlant un petit chef-d'oeuvre qui demandera une écoute très attentive pour en déceler toutes les subtilités là où au départ on n'entendait qu'un orgue posé sur du classic doom.
Quant au maître de cérémonie... Soyons clair d'emblée, ce mec dégueule de talent. Il utilise tout un panel de voix différentes et passe d'un registre à l'autre sans montrer la moindre difficulté. Chants incantatoires totalement habités, voix black, hurlements grinçants et bien d'autres intonations donnent véritablement vie aux histoires macabres qu'il nous conte et renforcent leur atmosphère lugubre et font de Strange Rites Of Evil un album de doom horrifique plus que réussi, pas loin du sans faute.

S'en délecter dans l'obscurité, éclairé seulement par la lumière vacillante d'une bougie et une bouteille de vin à portée de main. Effet garanti. Pendant ce temps là, je m'occupe de rattraper mon retard sur la discographie du groupe en me disant que j'en reprendrais bien pour 20 ans supplémentaires.


Website
Terror From Hell Records
Horror Records




samedi 9 janvier 2016

CORROSIVE ELEMENTS - Toxic Waste Blues

CORROSIVE ELEMENTS



Toxic Waste Blues






Death thrash'n'roll
Date de sortie: 20 novembre 2015
Label: GreyveStorm Productions


Tracklist:
1. Burn The Preacher
2. Destructive Cult
3. Wrong Turn
4. A Premium Carnage
5. The Awakening
6. He Dwells In The Abyss
7. Misanthropy
8. Liberta Mortiis
9. Warpath
10. Oppression
11. Toxic Waste Blues
12. Warmongers








Tout vient à point qui sait attendre. Ce vieil adage convient à merveille pour introduire les parisiens de Corrosive Elements. Pas moins de 7 ans auront en effet été nécessaire au groupe pour donner un successeur à son 1er EP Chaos Unleashed. Divers changements de line-up et d’autres facteurs extérieurs n’auront en tout cas pas atténué la détermination de la formation, plus motivée que jamais à faire parler la poudre. Autant le dire tout de suite, ce Toxic Waste Blues est une belle démonstration de death / thrash survitaminé, bien bourrin et au niveau technique assez impressionnant. Mais au contraire de la grande majorité des groupes actuels, Corrosive Elements garde néanmoins une approche assez traditionnelle et old-school. Ça bute autant que ça groove et loin d’en faire des caisses, le tout sonne de façon admirablement naturelle et décomplexée. Le groupe privilégie l’accroche, le refrain à reprendre à haute voix jusqu’à l’extinction, la rythmique qui casse de la cervicale à la chaîne et la mélodie qui s’incruste plutôt que la démonstration technique à tout prix. Pour faire court, cet album, enregistré par le groupe himself et dont le mastering a été confié au légendaire Dan Swanö est une bouffée d’air frais dans un registre beaucoup trop saturé, un road-trip sauvage mené tambours battants, le genre de petite bombe intergénérationnelle dont on se souvient longtemps.

Old-school jusqu’au bout des cordes donc, nous retrouvons ici de quoi largement satisfaire le thrasher resté bloqué dans les 80’s certains riffs rendant fièrement hommage aux aînés du genre. Mais pas que, parfois le groupe s’oriente vers un metal plus moderne ou nous pond un "He Dwells In The Abyss" glauque au possible et pas si éloigné du doom le plus pesant voire nous sort le gros death bien lourd et bien gras, le chant guttural de Brice Moreau et une rythmique ultra-percutante en avant. Parlant des riffs, le travail sur les guitares est particulièrement réussi et nous décelons assez facilement les multiples références du groupe sans pour autant que cela sente le réchauffé. Car la grande force de Corrosive Elements, c’est bien d’avoir parfaitement intégré ses différentes influences et de voir plus loin, les mêlant les unes aux autres pour finalement offrir quelque chose de neuf ce qui n’est clairement pas une mince affaire. Et si cela ne suffisait pas, il fallait en plus qu’ils trouvent le moyen de filer un bon coup de boutoir aux derniers récalcitrants, si tant est qu’il en reste car il me semble bien difficile de résister à cette succession de brûlots à l’énergie communicative au possible, avec une dose généreuse de bon vieux rock’n’roll des familles. Et que dire des solos? Nombreux, toujours pertinents, prouvant une belle maîtrise instrumentale, technique juste ce qu’il faut pour en mettre plein les oreilles sans être étouffant… n’en jetez plus! Le talent de composition est clairement là, chaque morceau est différent du précédent mais l’album, intelligemment construit garde une grande cohérence dans sa globalité et je n’ai même pas encore abordé le sujet de la basse. Omniprésente, ronde et percutante, elle reprend enfin la place qui lui revient de droit, celle d’un instrument à part entière que l’on entend vraiment d’u bout à l’autre et non pas juste un accompagnement. L’homme qui la tient (et qui ne fait désormais plus partie du groupe), Lionel Gendre, est impressionnant de dextérité et a bien des choses à dire, s’autorisant quelques sorties qui en mettent plein les oreilles.

Textuellement aussi, Corrosive Elements ratisse assez large comme en témoignent le titre de l’album qui lui renvoie aux problèmes très actuels liés à l’écologie (sortir une bombe pareille nommée Toxic Waste Blues à quelques jours de l’ouverture de la COP21, difficile de faire plus dans le ton soit dit en passant), la pochette très Lovecraftienne, un thème que l’on retrouve sur "The Awakening" sorte d’introduction incantatoire au morceau suivant "He Dwells In The Abyss" ou encore ces titres évocateurs tels que "Burn The Preacher" ou "Destructive Cult" ce qui me fait dire une fois de plus qu’il y en a vraiment pour tous les goûts dans cet album.


1ère sortie du label GreyveStorm Productions, Corrosive Elements frappe un grand coup avec ce premier album que le groupe semble plus qu’impatient de défendre sur scène (avis aux amateurs, le groupe cherche actuellement des dates dans toute la France) et je les comprend,  m’est avis que c’est bien là que ça va faire le plus mal! Ces 50 minutes étant finalement très riches, bien plus riches en tout cas que le laisse présager l’étiquette qu’ils se donnent eux-mêmes de death thash’n’roll (même si celle-ci leur colle à merveille et n’est absolument pas volée), elles passent à une vitesse folle. L’album terminé, une seule envie, relancer la lecture, encore et encore tout en priant bien fort pour que leur prochain effort ne mette pas 7 ans à voir le jour. DEATH THRASH’N’ROLL THE OLD SCHOOL WAY!!! comme ils disent et putain ouais, carrément!






samedi 2 janvier 2016

HIEMS - Cold Void Journey






HIEMS

Cold Void Journey  - The Forsaken Crimes







Genre : Black Metal
Label : Moribund Records
Date : 20 Novembre 2015









Tracklist : 
1. For Truth is Death's Blossom
2. Thorn
3. Painted Black 
4. Sign of the Hammer
5. The Reaper
6. Negative Zer0
7. Ulcisci
8. I Chose the Past of Inhumanity
9. The Last Sunset
10. Averno


       Après un retour des fêtes, où chacun a sans doute bu et s’est empiffré pour six, permettez-moi de vous proposer un petit digestif, mesdames messieurs, qui va vous régalez les oreilles et laisser reposer votre bedaine, qui doit être tendue à craquer à cette heure. Voici donc Hiems, hiver, mort de tout, accomplissement final de toutes les vies, en latin. Très approprié pour cette période aurais-je envie de remarquer. Enfin, side-project du bassiste de la formation plus renommé Forgotten Tombs (ah oui, là tout de suite, on fait moins les malins hein), qui montre qu’il en a dans le slibard, au point d’assurer seul un groupe qui envoie sans doute beaucoup plus que son point d’extraction, avec l’album « Cold Void Journey - Forsaken Crimes », sorti il y a peu - enfin plutôt remasterisé et élargi de sa précédente version parue il y a quelques année , oui je triche mais ça vaut le coup.
       La musique de Hiems se présente immédiatement comme une véritable tornade d’acier prête à ravager tout sur son passage, oblitérant tout forme vie, une boule de fil de fer barbelé, de ronces, de déchets pourris, de verre pilé, de clous et d’une tonne d’autres choses dans le même esprit se loge dans ma tête à chaque fois que j’écoute de nouveau cet album, on saisit l’esprit dès les premières minutes, mais notre musicien ne s’enfoncera pas dans du recraché de son premier exploit pendant une petite heure, au contraire, il l’approfondira toujours plus, s’essayera à inclure d’autres éléments tout au long de son album, comme de surprenantes mais non moins judicieuses lignes aériennes de guitare, outrepassant largement son registre grave, voire abyssal initial. Le talentueux (et remonté, très très remonté) Algol a compris que ce qu’il fait, mais il ne s’arrête pas là, et au lieu de vous mettre une branlée dans les oreilles une, deux voire 3 écoutes comme une légion de formations que je ne nommerais pas qui boxent dans la même catégorie ont l'habitude de faire, « Cold Void Journey - Forsaken Crimes » vous retournera sens dessus-dessous tout du long, relançant son auditeur avec une hargne décuplée dès que ce dernier pensait en voir le bout. Sans s’embarasser de thématiques complexes pour lesquelles, dans ce genre là, avoue-le on s’en tamponne, Hiems te la mettra sévère, sans artifices chamarrés ni préambules, tonnent les canons, s’embrase les cieux et hurlent les hommes, pour une éternité de feu, de sang et de massacres,
      C’est dans la furie de ses cadences martiales de la batterie, additionnée d’une prod savamment orchestrée, que s’exprime brillamment la force infernale, la vigueur hargneuse qui constitue la première source de zèle ultra-violent de cette pièce, le moteur principal qui fait avancer cette immense machine à tuer à une allure qui ne perd ni son temps, si sa rage, force infernale et vigueur hargneuse qui, ces dames à 6 cordes le montreront, ne servent qu’à alimenter de leur flammes infâmes et dévorantes massacres sanglants et cruauté sans bornes.
C’est dans des morceaux comme « Thorn » où l’on peut mesurer et apprécier pleinement le génie, j’ose le dire, d’Algol, qui, dans un savant ballet entre les tables de mixage, les instruments et sa voix, parvient à faire émerger des véritables lames de fond de ténèbres pures, des vagues de noirceur terrifiante et insondable qui se fraye un chemin balafré à travers vos tympans pour atteindre vos viscères et les faire pourrir de ses infâmes émanations noires. 
      Mais comme je l’ai déjà dit, Hiems ne piétine pas sur deux centimètres carrés pendant toute son oeuvre, et s’aventure dans bien d’autres domaines que celui initialement dévoilé, cherchant ses influences côté Atmo, voire DSBM et d'autres, le catéchèse sectaire et ésotérique transmis au début à quelques fidèles, dans les ombres d’une crypte oubliée, est devenu une religion qui ose s’aventurer au grand jour, croiser le regard des ignorants, rassembler ses adeptes pour célébrer d’infâmes célébrations profanes et inhumaines sous les yeux horrifiés des non-initiés, de ceux qui sont encore plus humains que démons, ceux qui ne se sont pas encore convertis à la nuit qui règne toujours plus loin et puissamment, de sa force impie et de sa parole malfaisante. 
La chape de ténèbres impénétrable présente depuis le début s’étend, sans que rien ne puisse l’arrêter, en balayant et absorbant tout sur son passage pour tout recracher sous la forme d’un fiel noirâtre et répugnant, d’où émanent des riffs diaboliques et une voix dont la caresse n’est pas sans me rappeler celui du fil de fer barbelé ou d’une masse cruellement hérissé de piques d’acier trempé.
      En somme un très certain catalogues de codes habituels du black metal, le résultat final ne l’est pourtant pas du tout, loin de là, sous les conventions et les airs de copies conformes se cache le talent d’un véritable compositeur, qui fait d’appuis connus et biens solides une oeuvre personnelle, originale, virtuose sans perdre de son efficacité, on le voit souvent, du recraché bête et con marche très rarement, et ici, si personne ne se vante d’innover, ça se fait bien, excellemment bien.

- Pestifer