dimanche 26 juin 2016

EUTHANIZED - EUTHANIZED






Euthanized


Euthanized






Genre : Raw Black Metal
Label : Indépendant
Date de sortie : 1er Juin 2016

Tracklist :
1. Tunica Molesta
2. From Beyond a Shallow Grave
3. Confronting the Absurd
4. Chained to Stone
5. A Troll for the Wretched






Ça faisait quelque temps maintenant que je n'étais pas tombé sur une bonne démo de Raw Black avec un son bien crade. Le plus souvent, c'est simplement juste un artifice cache misère pour des musiciens médiocres et une composition éculée. Si actuellement, il semblerait qu'aimer le low-fi Black fasse passer pour un kéké beauf trvekvlt, il me semble important de rappeler que beaucoup des grand noms ont commencé avec d'excellentes Démo de ce type. Ce qui me permet avec cette habile transition, de parler des ressemblances de ce groupe avec les tout premiers Mayhem et surtout avec Hellhammer, la composition et la malignité dégagée au travers des pièces de Euthanized me rappelle ce qu'on peut entendre dans ces deux formations. Ce trio canadien sort sa première démo, pleine de haine, de rage et de violence. Aux nostalgiques, les débuts du Black ne sont pas loin.

Dès le premier morceau Euthanized pose un groove possédé n'ayant rien à envier aux suisses d'autrefois, la prod' grésille et la batterie claque comme si elle jouait à côté de toi. Blacklung au chant donne tout ce qu'il a dans les tripes et même si ce n'est pas toujours très varié, force est de constater que les tripes sont là, c'est d'ailleurs un commentaire que l'on pourrait appliquer à l'ensemble de cette démo. C'est direct, viscéral et haineux, pas besoin de passer par quatre chemins quand on veut aller directement à l'essentiel. Et ça, les canadiens l'ont bien compris, pas de fioritures, simplement une agressivité musicale primaire mais diablement jouissive. Qui dit Raw Black dit bien souvent une part de Punk derrière et Euthanized ne déroge pas à la règle. Cela induit donc un groove violent et une flopée de riffs ultra neckbreaker sans pour autant tomber dans la redondance, le tout porté par la haine du Black Metal. Avec ses guitares très typées début 90, Euthanized ne tape pas vraiment dans l'originalité mais tape dur, les mélodies sont basiques mais efficaces, il y a de bonnes idées de rythmique prometteuses pour du live, une énergie folle et une agressivité non feinte. Le jeu de batterie y est pour quelque chose, puissant, venant poser un rythme très punk.
Je vais peut-être dire un gros mot, mais cette démo transpire l’authentique, si certes on pourrait lui reprocher sa production et certaines imprécisions, difficile de nier sa sincérité. Cette démo éponyme n'est pas mémorable et ne révolutionne rien, mais elle a une virulence et une énergie sauvage très prenante sur sa vingtaine de minutes. De sa prod' à ses riffs, tout fleure bon le Old School fait maison sans non plus sentir le réchauffé. Contrairement à ce qu'on pourrait attendre après une telle débauche d'énergie et un départ sur les chapeaux de roues, Euthanized ne s'essouffle pas et sait diversifier ses mélodie et son jeu sans perdre en virulence.

Cette première démo éponyme pourrait faire partie de toutes celles que l'on voit passer sans s'en souvenir, pourtant celle-ci se démarque du lot et à su me plaire grâce à sa fougue. C'est vraiment par son côté sincère et sa violence, sublimé par une production bien crade qui fait toujours son p'tit effet, qu'Euthanized fait la différence. Si on rajoute à cela un coté très HellHammer sans tomber dans le pâle copie, le résultat est bon, pas exceptionnel et loin d'être novateur, mais bon et c'est ce qui compte. Typiquement le genre de sortie qui passe inaperçue et qui pourtant est tout à fait capable de trouver son public.

- Sarcastique

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samedi 4 juin 2016

DØDKVLT - IV: YOU SOUGHT THE TRUTH ONLY TO FIND DEATH




Dødkvlt



 IV: You Sought the Truth Only to Find Death






Genre : Experimental Black Metal
Date de sortie : 14 Mai 2016

Tracklist :
1. Within the Chamber of Unheard Whispers
2. King of a Thousand Suns
3. As the Darkness Descends upon Us
4. Of Dust and Bones
5. Beyond the Halls of the Fleshless
6. This Is the End of All








      Pas facile de distinguer dans toute la bouillie de metal extrême venue de Scandinavie, le bon grain du mauvais tant on voit passer d'albums. La preuve en est qu'il aura fallu attendre le quatrième album de Dødkvlt pour avoir vent de l'existence de ce one-man-band finnois formé par Lord Theynian, également membre de l'excellent Barathrum et de MMD. Une quatrième œuvre complète, expérimentale et aboutie, semblant faire la synthèse des précédents albums. Explorant toutes les possibilités du Black Metal et voire même un peu plus loin, « IV: You Sought the Truth Only to Find Death » ose et réussit à poser de multiples ambiances toutes plus malignes les unes que les autres pour une heure d'un Black Metal de haute volée. 

      Dødkvlt brasse musicalement large bien que tous ces éléments servent un but commun, cette atmosphère morbide qui suinte de l'album. S'il me semble un peu moins expérimental que le précédent, IV use tout de même de nombreux artifices afin de poser ses ambiances sur toute sa durée. Une flopée de riffs et mélodies sont mises en place sur ces six morceaux parfois mélodiques parfois plus directs, mais aussi disparates soient-elles, chaque pièces s'emboîtent dans une mécanique que Lord Theynian a peaufiné au fur et mesure des albums. A la croisée des chemins entre le rituel, l’agression et le cauchemar, l'album joue sur plusieurs tableaux et ne semble échouer nul part. 
      Dès le premier riff le chaos rampe, l'ambiance de cet album est lourde et une pointe de Death Metal n'est souvent pas loin. La première pièce pose l'ambiance de ce que va être l'album entier, par un mid-tempo oppressant et une ambiance hallucinée qui ira crescendo tout au long de l'opus. Celle-ci est mise en place par les nombreux riffs, arpèges dissonantes, break implacables, tremolos incisifs. Les structures et l'agencement même de ces sonorités sont assez surprenant, les variations de mélodies sont fréquentes et Lord Theynian n'hésite pas à perdre son auditeur en brisant une ambiance pour une autre très différente. C'est la une grande force de l'album, là où d'habitude ces changements sont des erreurs maladroites, ici ils ne sont qu'un moyen maîtrisé de plaquer une ambiance générale sans repère, laissant libre cours à l'art noir et ses possibles. Cet aspect de structuration/destructuration n'est pas sans rappeler ce que peut faire Abigor, où l'auditeur est bringuebalé par le remous musicaux imposés. Adeptes du mono-riff et de l'easy-black, passez votre chemin ! Si je viens de citer Abigor, d'autres noms me viennent en tête à l'écoute de IV, tout d'abord certains riffs très Inquisition sont immanquables, il suffit d'écouter « Within the Chamber of Unheard Whispers » pour en avoir un parfait exemple. L'aspect de rituel sardonique et dissonant, ainsi que d'autres mélodies dégagées ici, sont surtout à rapprocher d'un Dødsengel. Mais au-delà de certaines accointances, Dødkvlt crée par sa richesse musicale son propre univers qui trouve son apogée dans sa fin avec cette pièce exceptionnelle qui vient conclure l'album. « This is the End of All » est un condensé de bonnes choses, ses premières minutes très Deathspell Omegesque, sa grande messe macabre, ses presque transes liturgiques, ses dissonances malignes, son passage progressif, son interlude quasi Jazz et une fin grandiloquente (qui n'est pas sans m'évoquer une BO zimmerienne). Ce dernier morceau est une apothéose, la conclusion parfaite pour cet album, il est l'aboutissement et l'assemblage de chaque élément qui a pu être introduit au sein des précédents morceaux. Un final qui tient en haleine pendant plus de vingt minutes sans jamais ne serait-ce que faire mine de s'essouffler. 
      Si nous avons déjà abordé le riffing, les autres instruments ne sont pas en reste, distillant ça et là de nombreux éléments de second écoute faisant beaucoup pour la qualité de cet album. Impossible de passer à côté de ces soli de basses entre deux riffs ou ces mélodies de second plans. Il en va de même pour la batterie, parfaitement dosée, se posant toujours juste pour sublimer une ambiance et son rythme, tantôt puissante, tantôt feutrée à l'image des ses instants les plus jazzy. Le chant est au même niveau que le reste, déclamant, mugissant ou vociférant. Lord Theynian fait montre d'une intelligence d'écriture et d'une maîtrise de chacun des instruments, aucun n'est laissé de côté. De cette maîtrise naît l'osmose qui permet à l'album ces changements brusques d'atmosphères qui malgré la surprise semble si facile pour Dødkvlt. De là découle l'impression d'avoir affaire non pas à un album découpé en plusieurs pièces mais un monstre à plusieurs visages, chacun ayant sa propre identité mais servant un tout compact plus grand et plus noir encore que lui. 

      Quelle claque ce « IV: You Sought the Truth Only to Find Death » ! Une heure d'un Black Metal bourré de variations, d'idées, de sous-mélodies au point qu'il faille à la fois le considérer comme un ensemble et à la fois le décortiquer pour en extraire toute sa saveur. Des samples à la guitare, tout est réussit et s'agence parfaitement malgré les structures complexes et différentes que l'album mets en place. Alliant le moderne et l'old school du Black Metal et de nombreux autres styles différents tel que le post-rock ou le jazz, Dødkvlt prend le risque de perdre son auditeur dans ses méandres mais quelle récompense pour le zélote averti. Je ne trouve aucun réel défaut à IV, bien que j'admet que sa complexité puisse en rebuter quelque uns. « IV: You Sought the Truth Only to Find Death » fut un album difficile à appréhender et à chroniquer due à sa flopée d'éléments mais il aurait été insensé de passer à côté car cet album est une pure merveille de Black Metal et de musique en générale. 

- Sarcastique

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