samedi 13 juin 2015

MEFITIC - Woes of Mortal Devotion


MEFITIC

Woes of mortal Devotion



Genre : Occult Death/Death metal expérimental
Label : Nuclear War Now ! Productions
Date : 15 Juin 2015


Tracklist :
1. Grievous Subsidence
2. Obloqui
3. Noxious Epiclesis
4. Eroding the Oblates of the Lord 2
5. Mendacious Psalmodia
6. The Tomb of Amaleq
7. Pain
8. The Swirling Columns of Staleness

Mefitic, après avoir accouché d’une poignée de splits et de démos, ainsi qu’EP, (ce dernier n’était en fait qu’un prélude à ce qui nous régale les oreilles désormais) sort au grand jour son premier album longue durée, intitulé « Woes of Mortal Devotion », qui, il faut le reconnaître, a su se faire attendre, pour attiser les impatiences diront les bonnes langues, ou au contraire être un tantinet oublié malheureusement, mais ce petit joyaux de death metal expérimental, à ne pas en douter, va définitivement faire revendiquer au groupe sa parcelle de terrain, à l’aide de cet incontestable oriflamme.
C’est donc après quelques minutes de calme quasi complet, interrompu seulement par quelques sons numériques, qu’émerge une forme immense, noire et inquiétante, et son ombre démesurée qui engloutit le spectateur, ce dernier se sentant presque intimidé par la pesanteur du titan si grand qu’il dérobe à sa vue le soleil, et lilliputien désormais comparé à ce béhémoth tout en riffs effrénés et au registre littéralement monolithique. Même la guitare pourrait être confondue avec la basse d’une autre formation, tellement elle est désaccordée, et lance des graves d’une telle profondeur et d’une telle aisance, que je dois bien avouer d’avoir cru un instant qu’aucun instrument utilisé par les membres du groupe n’excédait les 4 cordes. 
De loin, si les riffs de la formation ressemblent à un concert hurlant et désordonné, où seul règnent l’anarchie de musiciens hystériques qui ne tirent de leur instrument qu’une cacophonie sans queue nie tête, on distingue de plus près un death metal caverneux à en battre des records (dans un domaine qui est par ailleurs rarement en reste !), grondant à chaque instant, composé comme je l’ai déjà dit, de basses roulantes telles une immense vague inexorable, peuplé de mélodies rabâchées incessamment, évoquants un nuage noir, tendu à craquer par les forces titanesques qui l’habite et qui menacent à tout instant de le faire céder, pour faire s’abattre tous les plus brûlants feux du ciel sur la tête de l’infortuné auditeur. 
Mefitic nous livre finalement un death metal ténébreux, bouillonnant en un typhon de vagues noires, insondables, qui, avec le choix des musiciens de conserver toujours un voile de secret et mystères, imbibé d'un mysticisme étrange et ésotérique (l’artwork de l’album, si splendide, est un bon exemple du ton occulte, de l'à moitié révélé, dont s’entoure la formation), ces vagues noires qui laissent penser au spectateur que des abysses encore plus inquiétantes sont encore à découvrir au-dessous de ces flots noirs, des profondeurs vertigineuses et sans fin, prêtent à faire se pâmer le plus endurci des auditeurs, et met en scène une confrontation terrifiante, et très bien pensée avec une mort qui ne se contente pas de putréfier les chairs et pourrir les os du mort, mais d’engloutir sa personne entière, autant son corps que sa mémoire, sa conscience et sa réflexion, pour enchaîner après la façon qu’a Mefitic de présenter son sujet avec de ce dernier en lui-même. 
Le groupe à de ceci comme sujet une vision très intéressante de la fin humaine, moins symbolique que d’ordinaire dans le metal, mais ce genre d’artifices et d’euphémismes retirés, et un tout nouveau point de vue et de réflexion abordé, il ne reste plus qu’une vérité, trop absolue et glaçante pour être réellement appréhendée par nous autres insouciants lurons (ce figuré par le voile de mystères et d’ésotérisme mis en oeuvre par le groupe dans ses titres) et la formation sait convaincre son auditeur, avec une composition excellente, réglée au poil net pour exprimer d’ailleurs une idée qui n’en mérite pas moins pour sa complexité quasi sans égal, philosophiquement parlant. Les musiciens confient eux-même que Mefitic n’existe en tout et pour tout uniquement pour servir ce but, en lançant ses inquiétantes et pessimistes questions à l’innocente plèbe que nous sommes, dominée par ces interprètes, ces derniers si un rien peu pressés par rapport à leur production, président dans une chaire déjà bien concurrencée et étayée (en y triomphant honorablement !) avec une prédication - pour continuer ma métaphore -, des plus originale et bien oeuvrée, et finalement bien plus sincère que nombre d’albums qui me passent régulièrement sous les yeux. 
Car il vrai que si ce genre de thème est omniprésent dans ce genre-ci et ses voisins, prenons le cependant toujours avec les pincettes adaptées, ce n’est pas parce que tout le monde en parle que la question est résolue, et qu’aucune réflexion sérieuse n’est désormais nécessaire. 
Mefitic, même si ils se sont faits largement attendre, pose sans fioritures sur la table une oeuvre, qui à mes yeux, bats tous les records à cette année, supplantant tous ses rivaux de par sa composition, sa sincérité et sa maturité. Espérons donc que la formation va donc continuer sur sa lancée, et que ce CD, à mes yeux un des meilleurs de 2015 (pour l’instant, aux suivants d’en balancer encore plus), sera dûment reconnu.






- Pestifer


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