samedi 5 avril 2014

WHISPERED - Shogunate Macabre

WHISPERED


Shogunate Macabre




Melodic death metal / folk asiatique
Date de sortie: 7 février 2014
Label: Redhouse Finland Music Publishing


Tracklist:
1. Jikininki
2. Hold The Sword
3. Fallen Amaterasu
4. One Man's Burden
5. Kappa
6. Lady Of The Wind
7. Unrestrained
8. Upon My Honor








L'influence culturelle qu'exerce le Japon de nos jours en Europe est incontestable. Cela fait un moment déjà que nous sommes envahis de mangas, animes et jeux vidéos en provenance du pays du soleil levant. Déjà gamin, mes camarades de classe ne juraient que par Dragon Ball (Olive et Tom pour les sportifs). Le phénomène ne fait que s'étendre, au cinéma d'abord puis, naturellement la musique. On ne compte plus les groupes visual-kei. Aujourd'hui, tout le monde connait la Japan Expo par exemple. Y compris les plus réfractaires, comme moi. Je n'ai jamais vraiment su apprécier le caractère too much de toute cette culture (bon à part un peu sur les jeux vidéos, j'avoue). Grand fan de nanars complètement débiles, il est clair que le Japon a sorti les "oeuvres" cinématographiques les plus nawakesque de tous les temps. Mais voilà, trop c'est trop. Idem en musique. 

Pourquoi je parle de tout ça? Et bien parce que cette influence nippone se ressent aussi de plus en plus dans nos cultures occidentales. On a tous un pote geek qui bafouille un peu de japonais ou qui dessine dans un style très insipré du manga. Si, si réfléchissez bien, vous en avez au moins un dans vos contacts. Une fois de plus, idem en musique. Whispered a beau avoir son QG à Tampere, dans le sud de la Finlande, j'ai longtemps cru qu'ils étaient japonais (ou au moins asiatiques). Ayant récemment vanté les mérites de Tengger avalry, le lien était pour moi évident et ce, dès le morceau d'ouverture. Et puis évidemment, les textes aussi brouillent les pistes. Whispered joue le jeu à fond, nous contant légendes japonaises, histoires de samouraïs héroïques ou encore le code moral qu'est le bushido. Une affaire de passionnés donc, mais qu'en est-il de la musique? Parce que bon... des Finlandais qui se prennent pour des Japonais, dans l'idée je n'ai rien contre, cela peut même être très intéressant (métissage des cultures, mélanges de genres tout ça...) mais encore faut-il que ce soit au point sans quoi la caricature facile ne serait pas loin, et la poubelle non plus... du coup!

Passé la surprise des premières notes, qui efface pour le coup tout mon scepticisme naturel d'un simple revers, je laisse défiler le 1er morceau "Jikininki" avec l'impatience certaine d'en savoir plus. Difficile de dire à quel point l'album s'ouvre de façon intense et mélodique à la fois. La production est tout simplement énorme, massive sans étouffer le moins du monde la saveur exotique qu'apporte un frénétique shamisen (instrument à cordes japonais dont le son est de suite identifiable, faites une recherche vous verrez) aux riffs percutants de guitares. La clareté de cet album est d'ailleurs l'un de ses grands points forts, même la basse est parfaitement placée. Il m'en faut plus, et c'est tout l'album qui y passera, je suis subjugué.

Se basant sur un death mélodique à la scandinave que ne renieraient pas Wintersun ou Children Of Bodom, la musique de Whispered, comme son nom ne l'indique pas du tout, est une succession de rafales incontrôlables et ultra rapides d'énergie à l'état pur, ponctuées par d'entraînants solos ou des breaks plus lents, plus vikings dans l'esprit ou misant davantage sur l'aspect orchestral. Et oui, il aurait été trop dur pour des Finlandais de se défaire totalement de leur héritage, à la fois national et métallique, n'est-ce pas? Si ce n'était ce fameux shamisen, des morceaux comme "Fallen Amaterasu" ou "One Man's Burden" pourraient tout à fait figurer sur une compil entre un Moonsorrow et un Ensiferum, ça ne choquerait pas le moins du monde. Bon ça c'est pour les influences plus métalliques, on est d'accord mais Whispered a réellement su trouver sa marque de fabrique, son style, son identité. Les guitares et claviers propres au style travaillent parfaitement de concert, s'assemblant pour former des pièces épiques et galopantes, les réponses étant cette fois apportées par le shamisen. En background, une bande cinématographique orchestrale achève de vous faire voyager. Le résultat sur "Upon My Honor" est saisissant. Il vous suffira juste de fermer les yeux et les 10 minutes de cette pièce vous emporteront en vous laissant un arrière goût de faille spatio-temporelle.
Whispered va cependant à l'essentiel, l'album étant relativement court. Ceci est un bon point car trop long, il aurait pu s'effondrer sous son propre poids, sembler peut-être un poil répétitif ou too much ce qui, comme je le soulignais en début de chronique est inhérent à ce type de groupe. Les finlandais vont plus loin encore avec le délirant "Kappa", véritable morceau doux dingue entrecoupé d'un passage au saxo soutenu par de psychédéliques claviers. Idéalement situé en milieu de course, ce morceau relance l'album de la plus belle des manières dans une direction différente.
"Lady Of The Wind" n'est pas en reste, nous offrant une dualité parfaite entre quelques passages atmosphériques du plus bel effet, voire une ambiance presque gothique et d'autres plus rageurs, annonçant le très énergique et furieux "Unrestrained" digne des plus grandes écoles de metal finlandaises. Je suis convaincu qu'un fan de Sonata Arctica trouvera son bonheur dans ce morceau même s'il est allergique au death metal à la base.

On n'en parle pas souvent, mais je trouve personnellement qu'il y a vraiment un style purement finlandais. Il est davantage identifiable chez les groupes de heavy metal, Sonata, Stratovarius ou Nightwish en tête (pour ces derniers l'intro de "Upon My Honor" me paraît particulièrement évocatrice), vous voyez de quoi je veux parler? Je pense que oui. Whispered finalement c'est un peu la version extrême de tout ça avec en prime des sons venus d'un autre continent. Indéniablement, "Shogunate Macabre" est un album coup de poing, impétueux et fier, fort d'un métissage culturel inhabituel mais hautement maîtrisé. La Finlande n'a pas fini de surprendre.


Highlights: "Jikininki" "Upon My Honor"








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