samedi 11 juillet 2015

URÐUN - Horror & Gore







URÐUN




- Horror & Gore








Genre : Death Metal
Label : Signal Rex
Date : 21 juillet 2015








Tracklist :
1. Morbid Funeral Ritual
2. Horror Spawn
3. Mortuary



Et on s’intéresse aujourd’hui aux islandais d’Urðun, qui contrairement à l’idée qu’on pourrait ce faire quant à cette origine, ne vont pas vous apaiser à l’aide d’un Post Black planant comme sujets d’interminables fjords étincelants, de montagnes majestueuses aux sommets qui dépassent les nuages (quoique, on en doute déjà au vu de la pochette de l’album), ni de Black regorgeant d’images de forêts de pins enneigés et autres paysages grim, mais d’un death lourd, au rythme insoutenable et doté d’une volonté aussi intransigeante et qu’assidue. 
Aussitôt dit, aussitôt fait, après quelques larsens et un aboiement impartial du chanteur, les  guitares s’élancent furieusement, tels des molosses lancés dans une chasse sanglante, à un tempo comme déjà dit, qui ne s’encombre ni de palabres, ni de patience et encore moins de pitié, la formation assenant ses reproches et revendications, si de façon convaincante en fin de compte, sans compromis. C’est tout ou rien, et Urðun se charge bien de faire comprendre que rien ne serait pas la bonne réponse.
La première baffe vient bien des guitares, dont l’attitude laisse penser à de véritables limiers infernaux, engagés dans une course avide de sang, se rassemblant en une implacable meute impatiente de la curée. Elles crachent sourdement leurs riffs impatients et cruels, qui transpirent de menaces et d’imprécations, à une allure plutôt rapide, mais non pas effrénée et désordonnée. En occupant tout les graves de son registre pesants et oppressants, la musique d’Urðun devient presque un objet solide dans l’espace sonore, celui-ci désormais entièrement annexé par ces basses grondantes, qui deviennent un réel un monolithe immuable et inexorable, et dont l’ombre menaçante prend incessamment du terrain sur la fuite son infortunée victime.
Derrière cette avancée cauchemardesque et terrifiante, la batterie se tient en véritable batteur de tambour d'une galère, marquant l’allure de ses coups de butoir imperturbables, et poussant ses galériens qui sont les guitares, à ne pas s’arrêter, abattant sans discontinuer ses rythmiques martiales et annonçant à chaque fois en premier les changements de tempos. Elle conserve en général un rôle assez passif finalement, marquant l’allure sans jamais vraiment réclamer sa part de butin, ce qui d’un côté est assez sage et évite les maladresses que commettent d’autres formations avec cette partie-là. Par exemple, celui-ci qui d’ailleurs relève tout simplement du quasi jamais vu et de l'exploit le genre exercé : l’absence quasi totale de blast beats (je dis quasi parce que j’ai peur d’en avoir loupé un ou deux, mais je n’en ai presque pas décelé tout au long de l’écoute de l’EP). Pour du death metal, le tableau des trophées s’annonce déjà bien chargé.
Et c’est pas fini, pour continuer avec cette métaphore, si les galériens sont les guitares et les percussions le batteur de tambour, le chanteur est bien le contre-maître, qui lorsque s’en présente le besoin, fait claquer son fouet au-dessus des têtes rebelles (sans toutefois se placer en chef tyrannique et omniprésent). Ses grognements presque méthodiques donnent l’impression qu’il conte les uns après les autres ses pires méfaits et meurtres les un après les autres, de sa voix grondante et enflammée. Sporadiquement cependant surgissent de suprenants et très réalistes cris de douleur affreusement palpable, élargissant d’une façon à laquelle on en s’attend pas forcément le potentiel de ce vocaliste, décidément efficace. 
La formation prend parfois aussi un autre tempo que celui principalement abordé, dans « Mortuary », le dernier titre de l’EP par exemple, où elle laisse de côté cette allure de charge fulgurante, brutale et sans merci, menée par les deux limiers infernaux que sont les guitares, et prend un ton plus mesuré, menant désormais un death metal dosé subtilement, non moins rapide mais évoquant désormais un sombre défilé, dont les suivants encapuchonnés entonneraient une sourde mélopée pleine de rancune, de mépris et de hargne, dont la marche ressembleraient désormais à un pas martial est décidé, et moins aux foulées sinistrement sûres d’atteindre leur but du début.
Le seul point que je reproche à la formation est sans doute sa légère timidité. À l’instar de ses confrères, qui en font souvent énormément, en tartinent de fond en comble dans des descriptions hyperboliques du début à la fin (et qui pour certains ont du succès) Urðun, si il promet tout au long de son EP une furie et une bestialité grandissante, le bouquet final ne vient jamais, entraînant une certaine déception après en avoir tant promis. Cette remarque est à prendre avec de la distance, car il s’agit bien ici d’un simple EP, ce point là serait handicapant pour album complet, ici pour une démo ce n’est q’un léger bémol. En bon optimiste, je dirai qu’Urðun nous garde cette agréable surprise pour une oeuvre prochaine, et que la formation a préféré garder quelques cartouches en réserve. 
Finalement, si l’explosion magistrale de brutalité tant attendue ne vient réellement jamais, Horror & Gore reste un excellent premier chapitre pour les islandais, très agréable à écouter, savamment mené à l’aide de tripes qui pour le coup n’ont pas l’air en reste, une hargneuse bile qui accouche de riffs formidables et redoutablement bien agencés entre eux, des morceaux s’étalant sur une dizaines d’émotions fortes toutes aussi brutales, éclatantes, que vindicatives, un EP qui sait se faire entendre et convaincre son auditeur dans les deux principaux sujets qu’il aborde (que son titre indique), et un premier pas qui ne laisse présager que du bon pour Urðun dans la suite.







- Pestifer 

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