dimanche 16 mars 2014

BROOD OF HATRED - Skinless Agony

BROOD OF HATRED


SKINLESS AGONY





Post-death metal (je viens de l'inventer celui-là!)
Date de sortie: 10 mars 2014
Label: Autoproduction



Tracklist:
1. Deconstruction
2. The Mind That Emerged
3. Technological Genocide
4. Cacophony In The Creation
5. The Singularity Is Near
6. Skinless Agony
7. Predestined Suicide
8. Obsession
9. Disbelief Grows








Il y a quelques jours, je visionnais un trailer annonçant l'arrivée prochaine d'un album de death metal en provenance de Tunisie. Pas la grosse claque mais j'ai quand même noté le nom du groupe dans un coin. Les quelques extraits étaient suffisamment convaincants pour me donner envie d'écouter plus en profondeur l'album complet une fois celui-ci disponible avec un éventuel mot dans ma rubrique WPB. Il faut dire que l'Afrique n'est pas la partie du globe où le metal est le plus présent et il me faut par conséquent garder en tête chaque groupe prometteur qu'internet met sur mon chemin. Peu de temps après, l'album sort enfin officiellement et la voilà, la grosse baffe. Ce n'est vraiment pas ce à quoi je m'attendais, si bien que je décide finalement d'en faire une chronique complète.

Brood Of Hatred nous vient donc de Tunis. Il s'agissait au départ d'un one man band formé par le chanteur et bassiste Mohamed Melki. Il recrutera plus tard d'autres musiciens en vu de l'enregistrement d'un EP en 2012, line up inchangé pour le premier album, "Skinless Agony" sorti cette semaine. Album qui, s'il était le fruit d'un groupe européen ou nord américain ne manquerait pas de faire parler de lui. La situation métallique étant ce qu'elle est en Tunisie, il est malheureusement fort peu probable que le groupe atteigne le statut qu'il mérite vraiment. Mais qui sait? Un label aura peut être la bonne idée de prendre ces musiciens talentueux sous sa coupe.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que la musique de Brood Of Hatred est... étrange. Je n'arrive pas à trouver un mot qui conviendrait plus et ce n'est pas faute de chercher. Les Tunisiens démontrent que death metal et atmosphères moroses peuvent s'ajuster. Les compositions sont habitées par une aura sombre, lourde et pesante pour ne pas dire suintante, se traduisant par des éléments post rock très inhabituels pour un groupe de death, en alternance avec des parties rapides et brutales propres au death metal. Avec des cassures rythmiques incessantes, Brood Of Hatred aime jouer avec nos nerfs.
Ainsi, alors que les blasts sont un des seuls points de repère avec le chant caverneux pour les auditeurs lambda, de subtiles lignes de guitares éthérées s'envolent au dessus d'un martèlement violent très terre à terre pour le coup. Batterie qui sonne d'ailleurs de façon très mécanique, ajoutant une certaine froideur au propos, contrebalançant les quelques parties acoustiques du plus bel effet ("Predestined Suicide" et sa partie mi acoustique / mi solo ou encore les instrumentaux "The Singularity Is Near" et "Disbelief Grows") et les envolées arpégées plus aériennes. Les solos de guitares sont aussi, sans être d'une technicité hors pair, parfaitement composés, pile dans le ton.
Des arpèges assez dissonants, au son plus sale, rajoutent à la première impression, mélancolique sans tomber dans le mélodramatique voire sonnent de façon inquiétante, comme une âme en peine prise dans le tourbillon de ses émotions, entre colère, abandon et tristesse.  Des parties instrumentales plus longues sur lesquelles les guitaristes lâchent certains de leurs plus beaux riffs peuvent également rappeler quelques groupes actuels post-rock / post-metal. Tout le long de l'album, la tension entre brutalité et sérénité est palpable. "Deconstruction" le morceau d'ouverture en est d'ailleurs assez représentatif. Si vous aimez ce morceau, vous aimerez la suite, sinon, passez votre chemin.
"Obsession", du haut de ses 9 minutes, en est également une très bonne illustration et sans doute l'un des moments forts, démontrant toutes les qualités musicales du groupe mais aussi toute sa sensibilité par de légères expérimentations instrumentales, plus calmes mais toujours avec ce mur de guitare en background. On ne sait jamais réellement où le groupe nous emmène et pour autant tout coule de source. Car c'est un album résolument moderne, dans la composition et dans la production, compacte mais très soignée.

Ce n'est certes pas un album qui plaira aux death metalleux pure souche. Si votre came c'est Cannibal Corpse ou Morbid Angel, libre à vous de tenter une écoute (cet album le mérite). Mais ne venez pas vous plaindre, je vous aurais prévenu, Brood Of Hatred est assez éloigné des standards habituels, si bien que l'on pourrait les classer dans une mouvance progressive, voire avant gardiste. Après tout, les expérimentations sont discrètes mais elles sont là, et bien amenées, les morceaux sont complètement déstructurés à tel point qu'un auditeur non attentif peut facilement se perdre et surtout, je n'avais encore jamais rien entendu de tel. Il n'y a pourtant rien de si exceptionnel, juste une fusion de genres qui laisserait sceptique sur le papier mais qui, à l'écoute de "Skinless Agony" ouvre tout un champ de nouvelles possibilités.


Highlights: "Skinless Agony" "Obsession"







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