lundi 4 mai 2015

DEMONIC POSSESSOR - Porous Chambers

DEMONIC POSSESSOR


Porous Chambers





Sludge / Black metal
Date de sortie: 21 février 2015
Label: Hypaethral Records


Tracklist:
1. Ankle Deep
2. The Twisting Spires Of Impending Insurmountable Madness
3. Burrower
4. Hikikiomori
5. A Dignified Decay







Amateurs de vitesse, de technique époustouflante, d'artifices en tout genre, passez votre chemin. En provenance du Canada via le label Hypaethral Records, voici sans doute l'un des albums les plus noirs, les plus oppressants, les plus malsains que vous écouterez cette année. Né de la collaboration de membres de Orn, Gates et Vilipend, Demonic Possessor pratique en effet un sludge / black metal d'une extrême lenteur, lourd et poisseux au possible. Porous Chambers est le premier album de cette formation qui ne peut laisser indifférent. Que l'on ressente de l'admiration ou du dégoût, cet album vous entraînera dans un dédale répugnant, sale, terrifiant et vous êtes d'ors et déjà prévenus, il n'y aura pas de juste milieu.

J'ai déjà dit et je le redis ici, le visuel fait partie intégrante de l'album. C'est le premier élément avec lequel nous sommes en contact et celui-ci doit à la fois éveiller la curiosité et être en adéquation avec la musique. Grand amateur d'art horrifique, quel que soit le format, je n'ai pu qu'être intrigué par ce long couloir digne des pires cauchemars et ces mains spectrales prêtes à s'agripper au moindre inconscient assez fou pour y pénétrer.
Dès les premières notes de l'introduction, nous sommes alors enveloppés par une atmosphère étrange et menaçante, faite de sons terrifiants s'ajoutant les uns aux autres avec lenteur, rampant mais s'avançant inexorablement vers une proie qui ne peut que subir, peu à peu résignée au sort qui l'attend. Puis commence le premier gros morceau, "The Twisting Spires Of Impending Insurmountable Madness" et ses 11 minutes. Les sons artificiels laissent alors place à la lourdeur abyssale d'une rythmique marquant le pas d'une marche funèbre, à une guitare sépulcrale et à un chant empli de noirceur, écorché, désespéré autant que haineux prolongeant l'atroce et pénible avancée vers le bout de ce tunnel insondable. L'imminente et insurmontable folie annoncée approche à grands pas, Demonic Possessor serre l'étau peu à peu et raffermit son emprise, lentement, sûrement. Un cercle vicieux, plus l'on s'enfonce, plus l'on doit veiller à ne pas être happé par ces sons fantomatiques. L'auditeur n'est plus qu'une victime consentante. C'est ce moment précis que Demonic Possessor choisit pour prendre son auditeur à contre-pied en accélérant brutalement et nettement la cadence dans un déchaînement apocalyptique et halluciné avant de revenir tout aussi brusquement à cette rythmique douloureusement lente, délicieusement lancinante.
Vient ensuite "Burrower" qui est un nouvel instrumental drone / ambient. Ce n'est évidemment pas la partie la plus intéressante de l'album en ce qu'elle ne fait que poser les ambiances, entrecouper les 2 véritables morceaux et est, tout comme l'introduction et la conclusion de l'album, assez courte. Leur place n'est cependant pas à minimiser car elles participent non seulement à la variété de l'album mais aussi à installer ce sentiment d'oppression un peu plus profondément. 
"Hikikiomori" est un terme japonais désignant ce que l'on pourrait appeler chez nous une phobie sociale. Le morceau reprend la même formule que "The Twisting Spires Of Impending Insurmountable Madness" en l'étirant plus encore, jusqu'aux 15 minutes de metal noir et mortifère, jusqu'aux tréfonds d'un être en proie aux pires angoisses. Plus que jamais, le bout du chemin est proche et semble pourtant s'éloigner. Le down-tempo y est poussé à son paroxysme, l'atmosphère claustrophobique à son apogée, véhiculée par des dissonances rampantes en arrière plan et toujours ce martèlement rythmique, lourd et oppressant. Nous sommes une fois de plus surpris par l'accélération brutale quasi schizophrénique qui intervient au milieu du morceau, dans un registre presque noise avant de retomber de nouveau dans les méandres d'un sinistre funeral doom. 
Mais déjà les dernières notes de l'outro résonnent tel un amer constat. Cet horrible couloir n'a pas livré tous ses secrets aux courageux parvenus jusqu'ici. Chaque écoute est une redécouverte, une nouvelle chute vertigineuse dans les profondeurs abyssales de l'art noir des Canadiens. Porous Chambers, sublimé par une production caverneuse mettant bien évidemment en avant ses basses sismiques et ses atmosphères anxiogènes est un premier album particulièrement réussi. Je me pose cependant la question de savoir ce que Demonic Possessor pourra offrir dans le futur le risque étant de tourner en rond.

Pour information, cet album sort prochainement aux formats CD et LP (éditions limitées, attention!) mais est, comme de coutume chez Hypaethral Records, disponible en version digitale en "name your price" sur bandcamp.







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