mercredi 6 mai 2015

EXGENESIS - Aphotic Veil

EXGENESIS


Aphotic Veil





Doom / death atmosphérique
Date de sortie: 25 janvier 2015
Label: Naturmacht Productions / Rain Without End Records


Tracklist:
1. Cloudburst
2. Concrematio
3. Aphotic
4. Futile Horizon
5. Noctua







Presque 10000 kilomètres, c'est la distance qui sépare Jari Lindholm de Stockholm et Alejandro Lotero résidant à Medellin, Colombie. voici pourtant le fruit de leur travail commun, la magie d'internet c'est quand même quelque chose non? Mais plutôt que de nous lancer dans une analyse des moyens d'aujourd'hui, logistiques ou non, concentrons nous sur cet album qui justement, va en demander de la concentration! Le nom du groupe, le titre de l'album, l'artwork, tout était présent pour m'attirer et, comble du bonheur, tout est lié dans un ensemble énigmatique. 
Je m'explique et pour cela commençons par observer la pochette. Le hibou est depuis les plus anciennes civilisations associé à la nuit, la mort ou la mélancolie. Chez les Indiens d'Amérique du Nord, il offre aide et protection. Mais plus intéressant, il symbolise également l'intelligence et la réflexion, la sagesse et la connaissance chez les Egyptiens.
Le 3ème oeil, un autre emprunt à la mythologie ou à l'ésotérisme, est sensé voir au-delà des yeux physiques, menant à une profonde connaissance de soi (ou à diverses spéculations hasardeuses en rapport avec les expériences de mort imminente...)
D'après la biographie du groupe, Exgenesis désigne ce qui n'est visible que par des êtres mystiques, au delà de la matière. Concernant le titre de l'album, une brève recherche m'apprend que la zone aphotique est une zone sous-marine où la lumière naturelle est nulle. "Sous le voile aphotique, Noctua vous donne les moyens de voir plus loin et de se lancer dans un voyage de chaos cosmique." Suivons donc avec plaisir Noctua (le nom supposé du hibou...?) dans cette introspection qui promet d'être fascinante.

Construit sur une base doom / death atmosphérique que ne renierait pas Swallow The Sun ou le Paradise Lost des débuts, Aphotic Veil combine habilement riffs imposants et mélodies sombres, mélancoliques et pourtant triomphantes, s'élevant bien au dessus de la voix sourde et désespérée d'Alejandro et la section rythmique grondante comme des coups de tonnerre. Le travail sur les guitares est clairement l'une des forces majeures de cet album. Si les standards du doom / death sont respectés à la lettre et ne sont pas ce qu'il y a de plus original, tout en lourdeur, mid-tempo et accordage au plus bas, Jari maîtrise parfaitement son sujet, se l'approprie même en y ajoutant une touche personnelle via des parties plus agressives et rapides vis à vis du style pratiqué où les ambiances sont généralement plus feutrées. Non, un tel voyage ne peut se faire sans tumulte. Pour autant, si le thème résolument noir et insondable d'Aphotic Veil impose cette pesanteur écrasante et ces excès rage contrôlée, il ne manque pas de subtilité. Les leads de guitare, ponctuant régulièrement les trames principales des compositions sont d'une beauté sans faille, passionés et ajoutent un effet de clair-obscur, une mise en relief des recoins les plus secrets et crépusculaires. Ce voyage n'en devient que plus intrigant car alors qu'enfin rentré dans cette zone aphotique à mille lieux du visible, alors que nous sentons tout le poids de ces connaissances insondables, notre guide nous propulse vers des hauteurs tout aussi impénétrables. Le tout s'enrichit parfois d'une douce guitare acoustique ou de claviers discrets mais majestueux. Ces moments d'apaisement musical sont également une pause émotionnelle relaxante et bienvenue invitant plus au rêve ou à la nostalgie.
Parlons maintenant du chant. Je n'irais pas par quatre chemins, Alejandro est une révélation. Sa performance vocale, principalement dans le registre guttural du doom / death mais ponctuée de hurlements effleurant le black metal et aussi d'un chant clair aérien est une franche réussite et contribue grandement à construire le son d'Exgenesis. J'apprend par le biais de cette chronique qu'il est également membre du groupe Antithesis dont je ne manquerais pas de suivre l'actualité.

En même pas une demi-heure, Exgenesis parvient à créer, au delà de ses atmosphères nébuleuses, une musique épique d'une densité et d'une profondeur rarement égalées. Ces contrastes d'ombre et de lumière, de puissance et de beauté mélancolique font d'Aphotic Veil un premier effort des plus intéressants que son concept, travaillé dans les moindres détails et l'unicité de ce dernier avec la musique du duo rendent absolument captivant.

Version digipack limitée à 300 exemplaires disponible sur la page bandcamp du groupe et celle de Naturmacht Productions. 









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