dimanche 6 décembre 2015

IZAH - Sistere

IZAH



Sistere






Atmospheric sludge / Post-metal
Date de sortie: 23 février 2015
Label: Nordvis Produktion


Tracklist:
1. Indefinite Instinct
2. Duality
3. Finite Horizon
4. Sistere








Un album sorti en février, une sortie vinyle prévue pour avril pour leur passage au Roadburn, l’année 2015 démarrait plutôt bien pour Izah. Seulement voilà, le marché du disque ne laisse que peu de places aux démarches indépendantes… En plein rush pour le record store day (vous savez, cette arnaque mondiale qui consiste à sortir un grand nombre d’éditions limitées vendues à des prix qui frisent le ridicule, attirent plus facilement le requin qui y voit une opportunité d’argent facile et ne profitent rarement aux fans et aux vrais disquaires indé), le fabricant décidé tout simplement de faire passer les majors avant et de repousser Sistere sans même prendre la peine d’en avertir le groupe. Sympa… Résultat, cette belle édition double LP ne voit finalement le jour que le 31 août et pour quelqu’un comme moi qui attache une certaine importance à l’objet, inutile de préciser que l’attente fut des plus frustrantes. Et que dire pour le groupe? Ce coup de gueule passé, voyons de plus près ce que nous réserve le premier album des néerlandais. 
Faisant suite à un EP paru pas moins de 7 ans auparavant et un split en compagnie de leurs compatriotes de Fire Walk With Us en 2012, Sistere reprend là où la formation nous avait laissé précédemment c’est-à-dire un savant mélange de post-rock et de sludge aux formats longs, comprendre des titres avoisinants les 10 minutes pour les plus courts et atteignant jusqu'à la demi-heure, tout en y apportant de nouveaux éléments, core, black metal ou même progressifs selon l’humeur. 
Si dans la forme, la recette est plutôt classique et ne brille pas d’une grande originalité (nous y retrouverons pêle-mêle du RosettaCult Of Luna, The Ocean, IsisDeafheaven etc... soit autant de groupes qui ont le vent en poupe mais dont le talent n'est plus à prouver), c’est bien par sa maîtrise qu’Izah séduit grâce à ses enchevêtrements d’atmosphères rondement menés et à l’équilibre que les bataves parviennent à créer entre sa facette la plus dure, ses envolées post-rock et les longs et planants intermèdes instrumentaux parsemant Sistere. Il faut dire que la longueur des morceaux est propice à la mise en place d’atmosphères et permet de graviter autour, de la faire évoluer, la façonner, la transformer encore et encore jusqu’à s’y perdre complètement. Izah en fait usage jusqu’à la corde et démontre qu’il maîtrise parfaitement son sujet. Il en résulte un album particulièrement immersif et bourré d’émotions, extrêmement changeantes selon la direction que prend le groupe qui excelle véritablement dans ses transitions. Amenée tout en subtilité donc, chaque nouvelle section semble être la suite directe de la précédente et annoncer la suivante alors même que celles-ci sont pourtant parfois très différentes. C'est un peu comme si chaque morceau s'était peu à peu construit le plus naturellement possible, à force de recherches et d'expérimentations, autour d'une simple ligne directrice que le groupe aurait exploité au maximum de ses possibilités. Une écoute un tant soi peu approfondie et l'on se retrouve facilement happé par un tourbillon de sensations parfois contradictoires mais dont l'effervescence est poussée à son paroxysme. Sensations que l'auditeur ressentira donc sans même s'en rendre compte s'il est réceptif à ce type de musique, c'est les yeux fermés que Sistere vous emportera le mieux du long de ces 72 minutes. Je vous recommande néanmoins une pause avant d'attaquer le gargantuesque final et sa demi-heure, chef-d'oeuvre absolu du genre. Izah se montre cette fois bien plus audacieux poussant son talent dans ses derniers retranchements. Tenir la distance sur un morceau aussi long est une épreuve des plus périlleuses mais la formation néerlandaise s'en sort avec une facilité déconcertante, multipliant les idées pour garder son auditeur en haleine, usant de bruitages divers et de voix parlées pour ajouter un certain effet inquiétant voire oppressif, élargissant son spectre musical tout en sachant parfaitement jouer sur les sensibilités, maintenant la tension jusqu'à la crise, la relâchant quand cela est nécessaire.

La production très dense offre une véritable dynamique à cet album décuplant cet effet de tension allant et venant. Sistere est finalement un album travaillé au millimètre ce qui sur un album d'une telle longueur et constitué uniquement de 4 titres relève de la gageure, qui peut sembler long et c'est bien là son seul défaut car il s'adresse indubitablement à un public bien précis et risque fort de faire fuir une grande partie de l'assistance mais dont l'univers est parfaitement en place. Reste à savoir quelle direction Izah prendra à l'avenir mais ayant déjà beaucoup progressé depuis son EP, je ne doute pas que le groupe en a encore sous le coude et nous réserve de belles surprises que je ne manquerais pas de surveiller de près tant cet album m'aura marqué. Après tout, sortie en février, chronique en décembre... Ce n'est pas qu'un hasard dû à la mauvaise gestion d'un fabricant de disque, il m'aura aussi fallu digérer pleinement Sistere et ces nombreuses écoutes au fil du temps auront toutes été aussi jouissives. J'ai mes défauts et mes goûts inavouables comme tout le monde mais je ne pense décemment pas me tromper sur ce coup...








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