samedi 28 février 2015

DYING OUT FLAME - Shiva Rudrastakam

DYING OUT FLAME


Shiva Rudrastakam





Vedic death metal
Date de sortie: 15 août 2014
Label; Xtreem Music


Tracklist:
1. Praise Of The Omnipresent One
2. Shiva Rudrastakam
3. Eternal Mother Of Great Time
4. Vayuputra
5. Maisasura Maridini
6. Trinetra Dhari (Three Eyed One)







Voici un album qui a déjà fait pas mal de bruit depuis sa sortie, notament sur les sites anglophones, mais qui sera passé relativement inaperçu sur nos terres. Histoire de réparer un tort, voici Dying Out Flame et son premier album sorti sur le label espagnol Xtreem Music à qui nous devons déjà quelques sorties notables comme les débuts des français de Vorkreist ou le Colossal Titan Strife de Kronos. Et plus récemment la grosse surprise iranienne Azooma que je recommande vivement au passage. Alors je ne sais pas où ni comment ce label déniche ces pépites dans des coins aussi improbables, surtout quand on sait que ni Azooma ni Dying Out Flame n'avaient sorti la moindre démo auparavant. Toujours est-il que ces gars là savent ce qu'ils font en semblent avoir un sacré flair. 
J'ai toujours eu une certaine curiosité envers les groupes originaires d'endroits qui ne sont pas les plus évidents pour le metal extrême. Dying Out Flame est en ce sens une curiosité et non des moindres puisque le groupe tient son QG à Katmandou et déclare pratiquer  du "vedic death metal." Ce n'est pas la première fois que je suis confronté à un groupe népalais, leurs compatriotes de Kalodin et Antim Grahan m'ayant déjà laissé une assez bonne impression sur ce qui se pratique dans ces contrées lointaines. Et ce n'est pas la première fois non plus que je rencontre ce terme, les Singapouriens de Rudra (dont j'ai déjà parlé ici et dont j'attend la suite avec impatience) revendiquent eux aussi leur affiliation à ce sous-genre particulier. Cependant, et comme nous allons le voir, ces 2 formations n'ont pas grand chose en commun en dehors de leurs références thématiques. En effet, Dying Out Flame se démarque par une approche bien plus brutale.

Mais avant d'aller plus en avant dans l'exploration musicale de Shiva Rudrastakam, parlons d'abord du concept qui entoure cet album. Même sans avoir de solides bases sur l'hindouisme, nous connaissons tous Shiva, dieu suprême, créateur, préservateur, dissimulateur et révélateur. Le Rudrastakam désigne lui une composition sanskrit du XVe sièce en dévotion à Rudra écrite par le poète et philosophe indien Tulsidas considéré comme l'équivalent pour la langue hindi de ce que Molière est au français ou Shakespeare à l'anglais.
Rudra est un dieu du Rigveda, associé à l'orage et est considéré comme l'incarnation de la sauvagerie et de danger imprévisible. Le nom a été traduit par "Le Rugissant", "Le Hurleur", le "Furieux". Rudra est une figure primitive de Shiva. En effet, le théonyme Shiva provient d'une épithète de Rudra, l'adjectif shiva "gentil, aimable" utilisé par euphémisme pour ce dieu qui, dans le Rigveda porte également l'épithète ghora "terrible". L'utilisation de l'épithète a fini par dépasser le théonyme d'origine et dans la période post-védique (dans les épopées sanskrites), le nom de Rudra a fini par être considéré comme un synonyme du dieu Shiva et les deux noms ont été utilisés de façon interchangeable. (source: wikipedia, plus d'informations ici ( Rudrastakam, anglais), ici et ici (Rudra et Shiva, français) pour ceux qui souhaiteraient aller plus loin)

Le death metal prend des formes variées dès qu'il est associé à une culture ethnique. Nous connaissions déjà le death metal égyptien tel que pratiqué par Nile, Maat ou Scarab, l'oriental Melechesh ou même l'amérindien Ch'aska. Dying Out Flame, vous l'aurez compris, ne se contente pas d'aborder les thèmes de l'hindouisme et de la littérature védique mais fusionne bel et bien sa base death metal avec divers instruments du sous-continent indien et chants traditionnels. Et le résultat est saisissant. L'album débute sur une intro traditionnelle mêlant sonorités typiques, chant féminin et déjà les percussions semblent animées d'une envie redoutable d'en découdre. Il est intéressant de constater comment la musique indienne et cette batterie tempétueuse se marient déjà. Mais ce ne sera que sur "Shiva Rudrastakam" que la facette la plus brutale de Dying Out Flame se révélera et la surprise est totale, les 2 éléments se complètent admirablement, se répondant l'un l'autre avec naturel. Et pourtant ce morceau est l'un des plus bourrins de l'album. Avec le furieux "Maisasura Maridini" nous tenons là les points culminants de la bestialité de l'album. Ce dernier est d'ailleurs une incroyable explosion de brutalité. Le riffing est impressionnant et pour le coup, on en oublierait presque la thématique religieuse du groupe. Mais là encore, le groupe parvient sans problème à apporter sa touche exotique sur la dernière partie du morceau. C'est dans ce genre de changements stylistiques complets que l'on comprend que Dying Out Flame construit intelligemment ses compositions et que si les morceaux tournent tous autour des 6 minutes (ce qui peut paraître un peu long pour du death metal) c'est bel et bien parce que les népalais ont mis le paquet pour que la dualité entre ses 2 facettes sonne de façon naturelle. Ils ont des choses à dire et ont particulièrement travaillé cet aspect pour en faire leur marque de fabrique. 
Dying Out Flame parvient en plus à varier ses parties purement death metal en jouant sur les rythmes et les ambiances. "Eternal Mother Of Great Time" a ce côté sombre, peut être plus posé, mais tout aussi redoutable que l'on peut retrouver sur certains morceaux de Behemoth. La surprise revient encore aux tonalités indiennes et au chant féminin qui viennent prendre à contre-pied la progression malsaine du morceau.
Puisqu'on parle de progression, impossible de ne pas faire mention de "Vayuputra" qui, s'il continue sur la lancée des précédents morceaux en mixant sonorités de chez eux et death metal véloce, s'enrichit d'un côté bien plus dark en fin de course.
Comme sur les autres sorties d'Xtreem Music que j'ai pu écouter dernièrement, le son est particulièrement propre. Il faut dire qu'une production médiocre aurait fortement desservie un tel album, dont la richesse ne peut prendre son sens qu'avec un mixage réussi, ce qui est le cas ici. Fort heureusement car les breaks exotiques parsèment l'album et sont présents sur tous les morceaux et le chant traditionnel féminin n'est pas rare et ce sont justement ces interventions qui font tout le charme de Shiva Rudrastakam. Il aurait été dommage de se priver d'un tel atout, d'autant qu'il me paraît indubitablement maîtrisé même si je n'ai clairement pas l'habitude d'écouter ce type de musique ethnique.
La qualité technique est également au rendez-vous, sans qu'elle prenne le dessus cependant. La base death metal de Dying Out Flame reste assez classique, virulente et impétueuse certes mais classique, à rapprocher de Nile, Krisiun ou Hate Eternal, et c'est bien l'ajout exotique de musique traditionnelle qui oeuvre à faire du combo népalais une véritable entité se démarquant des autres productions. 


Dying Out Flame est définitivement un groupe atypique. Si, comme je le disais plus haut, il n'est aujourd'hui plus rare de voir des groupes de death metal s'enrichir de sonorités ethniques, il nous restait à découvrir le death metal védique. Un début très prometteur qui n'est entaché que par sa brièveté. Ces 36 minutes paraissent en effet bien courtes mais suffisent largement à démontrer que Dying Out Flame n'est pas un simple groupe de plus mais possède une réelle personnalité.









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