jeudi 12 février 2015

VOICES - London

VOICES


London






Avant-garde black metal
Date de sortie: 17 novembre 2014
Label: Candlelight Records


Tracklist:
1. Suicide Note
2. Music For The Recently Bereaved
3. The Actress
4. Vicarious Lover
5. Megan
6. Imaginary Sketches Of A Poisoned Man
7. The Antidote
8. The Fucktrance
9. Hourglass
10. The House Of Black Light
11. The Final Portrait Of The Artist
12. The Train Victoria Line
13. The Ultimate Narcissist
14. Cold Harbour Lane







Jason Mendonça ne semblant pas décidé à reprendre une carrière musicale depuis le split d'Akercocke, c'est désormais sur Voices, groupe formé en 2012 par ses anciens camarades qu'il faudra se rabattre. Le trio de rescapés Peter Bemjamin (guitare, chant), Sam Loynes (guitare) et David Gray (batterie) recrutent le bassiste Dan Abela (Sarah Jezebel Diva) pour compléter le line-up, signent un deal avec Candlelight Records que l'on ne présente plus et sort dans la foulée l'album From The Human Forest Create A Fugue Of Imaginary Rain.

Partant de ce constat, les comparaisons entre Voices et son grand frère sont inévitables et il est certain qu'il y aura une part de détracteurs qui préféreront quoiqu'il arrive l'ancienne formation. Pour autant, il convient de considérer Voices comme un nouveau groupe à part entière et non de le prendre comme la "suite" d'Akercocke. Si effectivement Voices ne renie pas complètement son héritage et emprunte certains des éléments clés qui faisaient Akercocke, les choses ne sont pas si simples et la recette n'est pas tout à fait la même. Exit le satanisme outrancier qui laisse place aux troubles mentaux! Déjà Voices se démarquait de son prédécesseur sur From The Human Forest Create A Fugue Of Imaginary Rain et pourtant, London va plus loin encore, décuplant tous ces aspects, sculptant ces traits au millimètre et faisant preuve d'une redoutable précision quand il s'agit de vous torturer les méninges. Bien que la mélodie ne soit pas l'élément recherché, le travail complexe des guitaristes démontre une grande dextérité. Les riffs sont plus chaotiques, inhabituels et l'expérimentation plus poussée, les structures déjantées. Peter Benjamin se révèle être un excellent frontman utilisant un panel de voix assez large allant du black metal aggressif au chant clair en passant par divers cris de douleur, de désespoir ou de folie à faire froid dans le dos. Je note d'ailleurs chez lui de grands progrès, son chant clair étant des plus justes, ressortant de façon plus naturelle et s'accordant mieux à la musique tandis que ses prestations extrêmes le voient littéralement habité par son personnage à la santé mentale brisée. Quant à David Gray, quel monstre! Il prouve une fois de plus qu'il est réellement un batteur hors pair, rien de moins. Si l'on pense parfois à certains groupes avant-gardistes tels que Deathspell Omega, Arcturus ou Solefald, Voices a su insuffler à son oeuvre décadente une réelle personnalité, jouant sur les sonorités, les textures et les ambiances. C'est parfois glacial, terrifiant ou hypnotique. C'est en tout cas époustoufflant, une véritable cacophonie orchestrée aussi peuplée et diversifiée, anxyogène, oppressive et claustrophobique que la ville qu'il décrit.

Choisissant la voie de l'album conceptuel, dont je ne suis d'ailleurs pas certain d'avoir saisi toutes les ramifications (le groupe semble vouloir rester dans le flou le plus complet), Voices dépeint un Londres torturé où il ne fait pas bon se promener seul aux heures tardives, un dédale de ruelles mal famées où se trament crimes en tous genres et sexualité dépravée dans les recoins sombres et crasseux. C'est ce décors glauque qui servira de toile de fond au déroulement de l'histoire d'un homme au bord du suicide, sombrant peu à peu dans la folie au milieu d'une ville immense où son seul contact humain semble être une prostituée, Megan. D'après les commentaires audio disponibles sur Spotify, le groupe se serait largement inspiré de la nouvelle "The end of the affair" de Graham Greene. Ce que je peux en dire après une rapide recherche, c'est que l'on retrouve effectivement les thèmes de jalousie, d'amour impossible et de haine.

Le concept, avec ses zones d'ombre et ses personnages étranges est ici on ne peut mieux exploité. Les dissonances, les changements brutaux, accélérations et décélérations, les riffs alambiqués, les hurlements hallucinés et le chant dépressif de Peter font pleinement ressentir la folie désespérée du personnage central. A cela s'ajoutent quelques passages narratifs pour un rendu quasi cinématographique. Nous ne savons d'ailleurs pas vraiment s'il s'agit d'une simple voix off descriptive ou des halluconations / délires du protagoniste. L'agencement des titres qui ne rend cet album écoutable qu'intégralement, les textes qui sont présentés dans le livret en un seul bloc, comme s'il s'agissait des paroles d'un seul long morceau, tout laisse à penser que London a été conçu comme la bande son d'un film. Et je paierais cher pour en voir une adaptation par un Lynch en plus glauque ou un Ferrara en plus malsain.

Repoussant encore les limites de leur tourbillon de mélancholie psychédélique et d'explosions psychotiques (c'est ce que dit leur page facebook!), Voices se dégage définitivement de ses prétendues ressemblances avec Akercocke. London est la preuve que les Anglais ont su rebondir et trouver leur voie. Voie qui laisse encore beaucoup d'explorations possibles, pour cela faisons leur confiance!















Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire