jeudi 12 mars 2015

Руян - Лебедь белая

Руян


Лебедь белая







Folk / Pagan metal
Date de sortie: 10 avril 2014
Label: Sound Age Productions



Tracklist:
1. Лебедь белая
2. Воевода
3. Забвение
4. Печаль птицы-девицы
5. Сон
6. Дружина
7. Буза
8. Деды-прадеды
9. Царица скорби
10. Куст ракитовый








Dès lors que l'on parle de folk russe, un nom s'impose de lui-même, celui d'Arkona. Ce groupe a su en effet passer les frontières et est aujourd'hui sans contestation possible le fer de lance du genre dans ce grand pays. En général, je ne m'attarde pas trop sur les sorties folk, déçu que je suis par les innombrables copies de copies, surchargeant le "marché." Que je déteste utiliser ce mot quand je cause musique, mais soyons honnête, c'est devenu un effet de mode, musical autant que vestimentaite. En Russie comme ailleurs, les imitateurs pullulent. Mais comme toujours, seuls ceux qui proposent quelque chose d'honnête, sincère et un minimum recherché perdureront.

Et c'est là que déboule Руян, ou Ruyan et son Лебедь белая (Cygne Blanc) sorti chez Sound Age Productions (chez qui nous trouvons... les premiers albums d'Arkona ainsi que les derniers Alkonost). Avec seulement 2 albums au compteur, il est dans doute encore trop tôt pour savoir si le groupe tiendra la distance mais pour ce qui est de la sincérité, je pense miser juste. Comme leurs compatriotes Arkona ou Alkonost, le groupe pratique donc un folk metal et est mené par une chanteuse, ce qui ne me fait pas spécialement fuir mais qui laisse quand même un bémol en temps normal (plus que marre de ces chanteuses pseudo-lyriques, sérieusement!) cependant la parallèle s'arrête là car Ruyan adapte la recette à sa sauce et se défait des clichés habituels par une approche plus atmosphérique mâtinée de culture slave, notamment par le biais du chant typé terres de l'est (les textes sont en russe et écrit en cyrillique sur le livret). Nous retrouvons d'ailleurs les thèmes récurrents du genre, le paganisme local et la contemplation de la nature qui s'expriment ainsi sur des morceaux aux atmosphères changeantes, permettant d'installer un contraste entre riffs purement metal accompagnés de growls et instruments folks apportant des moments plus calmes et appaisant emprunts de mélancolie. C'est sur de longs morceaux que cette dualité transparaît le mieux car Ruyan en profite alors pour se diversifier plus encore à l'aide par exemple de passages naratifs ajoutant un peu de mystère ou encore en poussant plus loin l'exploration des deux extrêmes, créant une belle dynamique. Les 2 premiers morceaux en sont le parfait exemple puisqu'il puise allègrement dans chacune de ces facettes sans pour autant perdre en cohérence. 
Les morceaux plus cours, si on enlève le très doux "Сон", font en revanche la part belle à un pagan metal plus classique mais toujours intéressant grâce aux interventions de Daria "Rodonitsa" Serdyuk. Comme je le disais plus haut, je ne suis pas fan des "groupes à chanteuse" mais elle offre ici une interprétation assez originale et maîtrise parfaitement les différents registres qu'elle utilise, tour à tour doux et mélancolique ou plus puissant et épique. Y compris ses narrations sont habitées par son / ses personnage(s) et se plonger dans l'histoire qui nous est contée devient alors très tentant. La barrière de la langue m'empêche malheureusement d'en dire plus à ce sujet cependant, je l'ai déjà dit pour d'autres et c'est valable ici également, l'utilisation de la langue natale peut être un atout précieux car cela apporte sa part de mytère et un charme indéniable. 

Au-delà de l'aspect très atmosphérique et plutôt posé dont je parlais plus haut, il y a effectivement quelques riffs assez brutaux, certains frappent d'ailleurs violemment quand on ne s'y attend pas ainsi que du chant death mais ceux-ci font partie intégrante des différentes atmosphères que le groupe veut amener en se focalisant principalement sur la rythmique, du franchement bourrin (la surprenante fin de "Печаль птицы-девицы") aux accords doomesques des passages les plus lents. L'instrumentation fait donc surtout office d'accompagnement plutôt que d'asséner les mêmes rengaines galopantes déjà entendues, accompagnement néanmoins très riche puisque constitué aussi de flûtes, balalaika, cornemuses... Tout cet ensemble est utilisé avec parcimonie mais est très présent lorsque les différents instruments interviennent. Mixé et masterisé au Drygva Studio en Biélorussie (ouais, encore!), ce Cygne Blanc bénéficie d'une production très claire laissant chaque instrument s'exprimer pleinement et rendant l'écoute de l'album très agréable.

Une très belle surprise qui nous vient de l'est une fois de plus. Il est à espérer que Ruyan parviendra suivre leurs grands frères d'Arkona sur le chemin d'une certaine reconnaissance car c'est bien l'un des seuls groupes pratiquant ce style qui le mérite réellement à l'heure actuelle, qui ne se contente pas de paraphraser ce qui a déjà été fait comme tant d'autres et qui sort là un album sincère, riche et captivant.




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