ECFERUS - Prehistory

Ecferus

Prehistory

Genre : Black Metal
Date de Sortie : 10 Février 2015
Label : Fragile Branch Recording

Tracklist :
1. Mitochondrial Eve
2. One Who First Make Fire
3. All Become Sand
4. Walk With The Feral

   Pour les rares qui ne l’auraient pas encore compris, je suis un grand fan de Black Metal et là où bien trop se cantonnent à la grosse scène qu’on nous rabâche à longueur de temps, certains creusent dans la crasse pour dégoter ces perles d’art noir qui méritent d’être écoutées. Moi qui, non sans avoir cherché, trouvais que la scène  Black Metal n’avait pas été très généreuse en ce début d’année je suis satisfait. Au fin fond de l’underground américain opère un talentueux solitaire, Alp. Ermite anonyme, cet homme accouche d’un formidable album, petite perle de son genre. De  l’artwork à la thématique, tout m’a séduit dans cet album atypique et complet. Chose suffisamment singulière pour être soulignée, les paroles sont bien loin des démons et autres vierges noires, ici nous sommes face à un Black Metal cartésien, presque antimystique abordant des thèmes scientifiques. Alors que certains baragouinent  encore de vagues formules magiques, Ecferus se démarque par la maturité et son originalité.

    Composé de quatre longues pistes allant de 7 à 11 minutes, cet album allie cohérence des atmosphères, intelligence d’écriture, variété et qualité d’exécution.  

   S’ouvrant avec un sample de chant d’oiseaux et d’une nappe de clavier, l’album annonce l’arrivé de Eve, l’élément centrale du premier morceau. Le crescendo de clavier laisse apparaître une guitare qui vient effacer le bref calme et une voix de ruine s’élève, dans une intro rappelant assez ce qu’on pourrait voir dans un Leviathan. On retrouve également cette similitude dans la voix sursaturée et légèrement au second plan. La où Ecferus diverge, c’est par sa mise en place de mélodies plus complexes, de nombreux riffs et d’une ambiance plus atmosphérique au son plus clair à la différence d’un Leviathan glacé. Véritable fouillis de riffs qui s’enchaînent avec cohérence et intelligence, cet album aux multiples facettes et ambiances est une vraie réussite. Les guitares donnent le tempo ou plutôt les tempos car les changements sont fréquents, alternant entre mélodies psychés, arpèges dissonants et trémolos froids et agressifs. Ici, tout le panel de jeu classique du Black Metal est utilisé et toujours à bon escient, donnant ainsi une écoute varié sans jamais être incohérente avec les ambiances. Pas de recherche d’originalité à tout prix, c’est avec  l’intégrité et l’indépendance de la composition que ce Prehistory se démarque. Tapie derrière ces guitares maîtresses, se cache la voix écorché d’Alp sursaturé rappelant encore une fois Leviathan, ces vocals morbides n’apporteront pas la puissance d’un chant guerrier mais n’étant pas le propos on lui préférera ses hurlements mixés en fond et parfois réverbérés qui donneront une écoute à deux niveaux intéressantes.  Il en va de même pour la production, avec un son relativement propre pour les arpèges et autres parties plus ambiantes pour retourner vers un son plus grésillant et funèbre que l’on retrouve sur la voix. La batterie est malheureusement en dessous du reste de l’album mais restera efficace dans la structuration des tempos, malheureusement son mixage un peu trop en retrait empêchera de profiter pleinement de son jeu. 

   Album quasiment sans fautes qui seront toutes de l’ordre du détail, on pourrait citer la batterie comme dit précédemment, certains riffs parfois un peu en décalage par rapport à l’ambiance précédente, l’absence d’une basse plus audible et varié qui pourrait ouvrir de nouvelles possibilités ou encore et c’est bien rare, une durée parfois trop courte des morceaux pour qu’ils puissent pleinement exprimer leur potentiel.

   C’est donc un excellent premier album que nous livre Ecferus, complexe et complet qui malgré ses comparaisons avec un autre one-man-band américain, possède sa propre identité, son univers  qu’il crée en exploitant tout le panel d’écriture du Black Metal, livrant ainsi une œuvre sincère aux relents old-school. Œuvre d’un seul homme, ce History est une belle œuvre qui annonce une suite probablement meilleure pour le solitaire Alp. Encore une fois je me répète, mais il est bien dommage qu’un tel album passe inaperçu compte tenu de sa qualité. Encore une perle de l’underground qui risque de rester enfouie. En espérant toutefois, que le talent de l’artiste saura conquirent de nouveaux auditeurs et concrétiser son premier essais par une suite que j’espère au moins au même niveau.

- Sarcastique

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